L’adorable légèreté de l’être
« Density », de Lewis Trondheim, paraît mercredi
On sait que Lewis Trondheim a une imagination débordante, mais on se demande où il va chercher une telle énergie. Cette année, le Grand Prix du festival de la BD d’Angoulême 2006 a cosigné les huit épisodes d’une série de SF collective et ressuscité Lapinot, son héros fétiche. Et voilà qu’il publie, ce mercredi, le premier volume de « Density » (éditions Delcourt), une série d’anticipation dessinée par Stan & Vince. A 20 Minutes, on a a-do-ré. Dans cette oeuvre trépidante, Chloé, le personnage central, a le pouvoir de voler en modifiant sa densité moléculaire. « Je me suis demandé ce qui se passerait si on pouvait modifier sa densité, explique Lewis Trondheim. Logiquement, avec une densité très lourde, il serait impossible de bouger ; et avec une très légère, on serait incapable d’attraper quoi que ce soit. » Le cofondateur de la maison d’édition L’Association exploite ce paradoxe à merveille : « J’aime bien l’idée d’adjoindre à un super-pouvoir une sorte de défaut, de kryptonite. Dans cet album, l’héroïne doit sauver la planète avec ces simples éléments modificateurs, ce qui permet quantité de retournements de situation. »
Dialogues pleins d’humour
Même s’il regorge d’action, ce premier volume est avant tout une mise en bouche. Chloé découvre ses nouveaux pouvoirs « et essaie de les maîtriser, souligne l’auteur. Son frère essaie tant bien que mal de l’entraîner, mais on se rend compte qu’elle n’a a priori pas l’étoffe d’une héroïne. D’ailleurs, ce super-pouvoir ne lui était même pas destiné à l’origine. Mais elle va bien devoir faire avec. » Alternant les scènes d’action et les séquences dialoguées pleines d’humour – la marque de fabrique du sieur Trondheim –, « Density » bénéficie du talent graphique des compères Stan & Vince, dont la souplesse du trait confère une vie incroyable au récit. Prévue pour compter trois volumes, qui sortiront à une fréquence semestrielle, la série n’est pas sans rappeler Le Passe-muraille, une nouvelle de Marcel Aymé dans laquelle le héros avait la faculté de traverser les murs. Lewis Trondheim ne nie pas s’en être inspiré, « mais surtout de la version filmée avec Bourvil [réalisée par Jean Boyer, en 1951]. Enfant, j’avais beaucoup aimé, même si j’avais été choqué qu’il n’y ait pas de “happy end” ». « Density » en aura-t-elle une ? On ne le découvrira pas avant un an. L’attente risque d’être longue.