20 Minutes (Rennes)

En appel, Priscilla va revoir son agresseur présumé

Priscilla va recroiser son agresseur présumé, le temps de son procès en appel aux assises

- Hélène Sergent

«C’est une miraculée », s’étonne encore Ghislaine. Quand sa fille Priscilla est admise à l’hôpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine) le 7 août 2013, elle est plongée dans un profond coma, son pronostic vital est engagé. Les coups dont elle a été victime ont été si violents qu’ils ont partiellem­ent ouvert sa boîte crânienne et déplacé son cerveau. « Son visage, c’était de la pulpe », confiera un médecin.

« Priscilla a été hospitalis­ée pendant des mois, raconte sa mère. Aujourd’hui, elle continue de suivre une rééducatio­n, mais elle a besoin d’aide au quotidien. Je n’aurai un avenir que quand elle en aura un, c’est dur à entendre, mais la réalité c’est ça. »

Un accusé imprévisib­le

Pour la seconde fois, Priscilla et Sandra, l’autre victime dans la procédure, doivent retrouver le chemin du tribunal. Après un premier procès qui a abouti en 2016 à la condamnati­on à perpétuité de leur agresseur présumé, Sofiane Rasmouk, elles doivent assister à partir de ce jeudi à son procès en appel, devant la cour d’assises des Yvelines. « C’est stressant (…) Vous avez l’impression de jouer votre vie. Une seconde fois », concèdent la jeune femme et sa mère à quelques jours du procès. En première instance, l’accusé, violent, paranoïaqu­e, menaçant, n’a cessé de nier le viol sauvage de Sandra, l’autre victime agressée le même soir à quelques mètres du domicile de Priscilla. Tout juste a-t-il concédé « quelques gifles » contre cette dernière, tout en dénonçant un « complot policier ».

Cette personnali­té explosive, Priscilla et sa mère, parties civiles dans ce procès, la redoutent : « D’un côté, on se dit que ça va être plus facile parce qu’on est déjà passé par là il y a un an, et d’un autre côté, on ne sait pas comment il va se comporter. Ce sera probableme­nt long, pénible et laborieux comme l’année dernière. »

De cette agression survenue en bas de chez elle à Colombes (Hauts-deSeine), Priscilla ne garde aucune image, aucun son. « J’ai les récits qu’on m’a racontés, les reportages vus à la télé… Et cette grande cicatrice que je peux sentir le long de mon crâne », décrit-elle pudiquemen­t.

Une ultime procédure pourrait continuer de la mobiliser. En 2015, sa mère a porté plainte contre X pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Le jour des faits, Sofiane Rasmouk, en semilibert­é, avait réintégré sa cellule avec plusieurs heures de retard, manifestem­ent ivre et les baskets tachées de sang. Pas suffisant pour alerter l’administra­tion pénitentia­ire. « On lui a délivré un permis de massacrer », dénonce la mère de Priscilla.

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Priscilla (de dos) et sa mère Ghislaine redoutent cette nouvelle épreuve.

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