L’état de la Seiche est catastrophique
La rivière a subi une grave pollution émanant de l’usine Lactalis il y a un mois
Sur le pont de Franceul à Janzé, un arrêté préfectoral rappelle l’interdiction de pêcher dans la Seiche. Mais qui voudrait lancer son bouchon dans ce tapis d’algues vertes ? Et pour remonter quoi ? Depuis un mois et la pollution de la rivière par Lactalis, la Seiche a été entièrement vidée de sa faune. Plus aucun poisson, ni grenouille. Seuls quelques rares oiseaux et ragondins continuent d’habiter les abords de la rivière. « Tout est mort. C’est désolant et tellement triste », déplore Jérémy Grandière, responsable de la fédération de pêche d’Ille-et-Vilaine. Miaoût, l’usine Lactalis de Retiers a vu de l’eau chargée de matière organique se déverser dans la rivière, contaminant 8 km au moins, en raison d’une saturation de la station d’épuration. L’usine a été accusée d’avoir tardé à réagir. « C’est une tragédie et nous le regrettons, mais nous avons respecté le protocole de Aà Z », assure Bruno Alix, directeur du site qui emploie 850 personnes.
« Il faudra vingt ans »
Un mois après l’accident, la Seiche affiche un triste visage. « Il y a tellement de poissons qui pourrissent au fond que le milieu est contaminé. La nature va mettre des années à recoloniser le milieu. Pour retrouver des carpes de 20 kg ou des silures de 50 kg, il faudra au moins vingt ans », poursuit Jérémy Grandière. La semaine dernière, sa fédération a été reçue à la préfecture, en présence des représentants de Lactalis. « Notre volonté, c’est de réparer au plus vite pour rétablir le milieu naturel », assure le directeur du site. « Relâcher 15 tonnes de poissons, ça ne sert à rien. Ce n’est pas une question d’argent mais de temps ». Souillée, la nature peine à reprendre ses droits.