Chez les enfants, le goût de lire arrive aussi grâce aux parents
Après le vent de la rentrée vient l’heure des premières injonctions de lecture. Oui, mais comment faire lorsque le morveux lance en retour un tonitruant « J’aime pas lire »? « C’est assez rare qu’un enfant n’aime rien lire du tout », relève Marie Lallouet, rédactrice en chef de La Revue des livres pour enfants . « Il faut faire confiance aux enfants », abonde Delphine Saulière, rédactrice en chef du mensuel J’aime lire, qui fête cette année ses 40 ans. Toutes deux reconnaissent toutefois le rôle fondamental des parents dans l’éducation au goût de lire. Avec leur aide, voici quelques conseils pratiques.
La lutte contre les idées reçues.
Aux grands maux, les grandes inquiétudes : « Si mon enfant ne lit pas, il sera mauvais en classe, etc. » Primo, « le lien n’est pas si simple », rappelle Marie Lallouet. Tout le monde connaît des gens brillants qui n’ouvrent jamais un livre, et inversement. Secundo, « on n’est pas obligé d’adorer lire, certains enfants ont d’abord besoin d’être dans l’action et la construction », observe Delphine Saulière.
Le rendez-vous des magazines jeunesse.
« La lecture, c’est comme le vélo, cela avance si on en fait souvent », assure Delphine Saulière. L’abonnement à un magazine jeunesse crée un rendez-vous régulier, moins intimidant qu’un livre, et offre différentes portes d’entrée. On peut aussi se contenter de « s’arrêter vingt minutes à la bibliothèque, entre la piscine et le conservatoire », conseille Delphine Saulière.
Le butinage dans les bibliothèques.
« C’est le premier établissement culturel de proximité », rappelle Marie Lallouet, qui invite les parents à laisser les enfants piocher dans les bacs et emporter ce qu’ils veulent. Pour Delphine Saulière, le butinage vaut aussi dans les « rayons culture des supermarchés ».
La lecture à voix haute à tout âge.
« La lecture du soir pour les plus petits est entrée dans les usages familiaux, mais les enfants sont souvent très seuls à partir du moment où ils savent lire », regrette Marie Lallouet. « Prenez le temps de lire à voix haute, c’est extraordinaire toute l’émotion qui passe par la voix », recommande Delphine Saulière.
Le coup de pouce des livres audio.
Pour les plus récalcitrants, le livre audio représente une piste intéressante. Aujourd’hui, les maisons d’édition proposent des productions de qualité. « Faire un passage par l’audio peut sauver plus d’un lecteur dans la panade, c’est vraiment une solution quand on a du mal, par exemple, à lire un grand classique, estime Marie Lallouet. »
« Lisez à voix haute, c’est extraordinaire l’émotion qui passe par la voix. » Delphine Saulière, « J’aime lire »
Le temps d’une activité commune.
« Faire aimer la lecture, c’est aussi lire soi-même et montrer que le livre fait partie de sa vie, qu’il fait du bien », explique Marie Lallouet. « L’important est de prendre du temps pour lire à côté de ses enfants », explique Delphine Saulière.
La conjugaison du verbe aimer.
« Les parents ont un rôle d’éducateur, ce n’est pas toujours facile, reconnaît Marie Lallouet. Mais ils ne sont pas seuls : il y a les instits, les bibliothécaires, les grands-parents… Il y a du monde dans cette histoire-là. Et le verbe aimer aussi, il ne faut pas l’oublier. »