20 Minutes (Rennes)

« Avec les années, on relativise »

Un membre des « Irrésistib­les Français », présent en 1993, sera à Sofia samedi

- Propos recueillis par William Pereira

Il était de cette triste nuit du 17 novembre 1993, au coeur du virage Auteuil du Parc, lorsqu’Emil Kostadinov a anéanti les espoirs français de se qualifier à la Coupe du monde 1994. Samedi, Didier, supporter membre des « Irrésistib­les Français », sera à Sofia pour assister à un crucial BulgarieFr­ance, qualificat­if pour le mondial en Russie. Souvenirs, souvenirs…

Vous vous souvenez de ce fameux but d’Emil Kostadinov ?

Ce but, ça a jeté un grand froid. Tout le monde s’est tu, on est passé en mode muet. Toute la soirée, la sono du stade crachait « L’Amérique », de Joe Dassin. Je vous garantis qu’on ne l’a pas entendue à la fin du match.

Quel rang occupe ce match parmi les défaites amères des Bleus ?

Ça a été l’une des plus grosses déceptions en tant que supporter. On s’y voyait déjà [au Mondial 1994, aux Etats-Unis]. Il y avait 99 % de chances pour que l’on passe. L’échec était improbable.

Le match de 1993 a changé quelque chose dans votre rapport à la défaite, dans votre manière de voir le foot ?

Complèteme­nt. Même si je sais que dans le foot tout est possible, aujourd’hui, si on mène 2-0, je ne me dis pas qu’on va gagner. Je n’arrive pas à être serein. Moi, je ne souffle qu’à 4-0 dans les arrêts de jeu. D’ailleurs, c’est drôle parce que les jeunes ne comprennen­t pas trop ça, ils se disent :« C’est bon, 2-0 c’est gagné, c’est plié. » Quand on prend du recul, avec les années, on relativise un peu. Parce que, finalement, c’est aussi grâce à cette défaite qu’on gagne le Mondial 1998.

Vous parlez des jeunes… Vous leur transmette­z ce souvenir douloureux ?

On n’a pas trop envie de leur en parler. On leur dit qu’on y était, que c’était décevant et c’est tout. Et puis eux ne cherchent pas vraiment à en savoir plus sur ce match. Il n’y a pas de grande curiosité autour de cet épisode.

Ça représente quoi, ce déplacemen­t à Sofia ? Il y a comme un parfum de pèlerinage ?

Pour moi, c’est l’avant-dernier match de qualificat­ions pour la Coupe du monde 2018 qu’il faut gagner. Les Bulgares seront chez eux, ils seront motivés. Ils se serviront, sans doute, de ce match de 1993 pour se motiver à nous battre, parce que c’est un bon souvenir pour eux. Nous, on doit s’en défaire et passer au-dessus. On doit oublier.

 ??  ?? En 1993, les Bulgares, vainqueurs de la France, se qualifiaie­nt pour le Mondial.
En 1993, les Bulgares, vainqueurs de la France, se qualifiaie­nt pour le Mondial.

Newspapers in French

Newspapers from France