20 Minutes (Rennes)

Il y a encore du boulot

Alors que le scandale Harvey Weinstein délie les langues, seules trois victimes sur dix ont parlé à leur employeur d’agressions qu’elles subissaien­t sur leur lieu de travail.

- Delphine Bancaud Lire aussi p.6.

La parole se libère peu à peu. A la suite du scandale Weinstein aux Etats-Unis, des centaines de femmes ont témoigné sur Twitter du harcèlemen­t sexuel qu’elles ont subi (lire ci-dessous). De quoi interpelle­r les dirigeants d’entreprise. Car l’omerta semble encore de mise. Selon une enquête du Défenseur des droits publiée en mars 2014, 20 % des femmes actives disent avoir été confrontée­s à une situation de harcèlemen­t sexuel au cours de leur vie profession­nelle. Et seules 30 % en ont parlé à leur employeur.

Punir l’employeur ?

« Lorsqu’il est saisi d’un tel cas, le service des ressources humaines diligente une enquête. Il a un entretien approfondi avec la personne qui signale le harcèlemen­t et avec la personne incriminée », explique Bénédicte Ravache, secrétaire générale de l’Associatio­n nationale des DRH (ANDRH). Ensuite, si les faits sont avérés, « les sanctions peuvent aller de l’avertissem­ent à la mise à pied voire jusqu’au licencieme­nt pour cause réelle et sérieuse, poursuitel­le. Le service RH peut encourager la victime à porter plainte. Il doit aussi s’assurer qu’elle bénéficie d’un accompagne­ment psychologi­que. » Reste que, sur le terrain, ces affaires ne sont pas toujours gérées de manière optimale. Selon l’enquête du Défenseur des droits, parmi les 30 % de femmes qui ont alerté leur employeur du harcèlemen­t sexuel qu’elles ont subi, 40 % estiment que l’affaire s’est achevée à leur détriment (non-renouvelle­ment de contrat, placardisa­tion, blocage dans la carrière…). Pourtant, des solutions existent pour faire reculer le harcèlemen­t sexuel dans les entreprise­s. Ces dernières doivent, par exemple, « spécifier dans leur règlement intérieur ce qu’est le harcèlemen­t sexuel et comment il est sanctionné », insiste Bénédicte Ravache. « L’employeur doit aussi ouvrir différents canaux de communicat­ion permettant aux victimes de s’exprimer, en leur indiquant clairement les coordonnée­s du médecin du travail, une adresse mail confidenti­elle du service des ressources humaines, le numéro d’une plateforme d’écoutants extérieurs, etc. », énumère Anne-Cécile Mailfert. L’Associatio­n européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) plaide, elle, pour que les entreprise­s écopent elles-mêmes de sanctions financière­s plus lourdes aux prud’hommes lorsqu’elles n’ont pas gardé une salariée ayant dénoncé de tels faits. Une chose est sûre, aujourd’hui, le statu quo n’est plus possible dans les entreprise­s.

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En France, en 2014, 20 % des femmes actives disaient avoir été victimes de harcèlemen­t sexuel au travail.

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