20 Minutes (Rennes)

Le procès en appel de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf renvoyé en janvier

Le procès de Bourgeon et de Makhlouf a été renvoyé

- De notre envoyé spécial au Puy-en-Velay, Vincent Vantighem

Nicolas Chafoulais, le père de Fiona, s’est enfui si vite que Charles Fribourg, son avocat, n’a pas eu le temps de s’en apercevoir. « Je ne sais pas comment il tient encore debout », souffle-t-il. Quelques minutes plus tôt, lundi, le président de la cour d’assises de la Haute-Loire a annoncé le renvoi du procès en appel de Cécile Bourgeon et de Berkane Makhlouf. Accusés des coups ayant entraîné la mort de Fiona sans intention de la donner, ils devront patienter jusqu’en février pour être fixés sur leur sort.

« De nouveaux jurés pour repartir sur des bases saines... »

L’avocat de Cécile Bourgeon

Ce troisième procès s’annonce d’ores et déjà électrique, vu la façon dont le deuxième s’est achevé. Au terme d’une passe d’armes agitée, ce sont finalement les avocats des parties civiles qui ont dû s’incliner face à ceux de de la défense. Mais leur butin est maigre : le procès est reporté à une date si proche qu’ils n’ont quasiment aucun espoir de parvenir à faire sortir leurs clients de prison d’ici là. « Ce n’était pas notre but, a habilement commenté Renaud Portejoie, l’avocat de la mère de Fiona. Notre probité ayant été mise en cause dans le prétoire, il était indispensa­ble de désigner une cour d’assises avec de nouveaux jurés pour repartir sur des bases saines. » Ceux-ci auront la lourde tâche de plonger dans le huis clos de ce couple aux souvenirs embrumés par des années de « défonce ». Incapables aujourd’hui de désigner l’endroit précis où ils ont enterré la fillette de 5 ans en mai 2013, comme d’expliquer comment elle est morte. A ce sujet, Cécile Bourgeon a eu une réflexion éloquente, mercredi dernier. « La vérité est celle que j’ai dite lors de ma troisième audition en garde à vue! Mais… Je ne m’en souviens plus aujourd’hui. » Ses avocats ont quelques mois pour la lui faire relire avant de tenter d’obtenir la confirmati­on de sa peine de cinq ans de prison pour des délits prononcée lors du procès en première instance, en 2016, et, surtout, son acquitteme­nt des faits criminels. Mais ils savent déjà qu’ils croiseront sur leur route les robes noires avec qui ils ont ferraillé toute la semaine dernière. « Je sais que les avocats de la défense souhaitent mon retrait, a déjà indiqué Marie Grimaud, avocate de l’associatio­n Innocence en danger, avec qui ils se sont écharpés. Mais, pour moi, Fiona, c’est Inaya, c’est Serena, c’est Marina… Toutes ces petites filles [maltraitée­s] pour lesquelles je donne de la voix. Et je ne partirai pas ! » Leur prochain rendez-vous est donc fixé au lundi 29 janvier, 14 h, à la cour d’assises du Puy-enVelay. Les jurés disposeron­t de deux semaines pour tenter de faire émerger la vérité. A condition que le procès aille à son terme, cette fois-là.

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Gilles-Jean et Renaud Portejoie, les avocats de la défense.

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