Des soins pour mieux combattre le cancer
Les soins complémentaires contre le cancer dans et en dehors de l’hôpital sont en plein essor
«C’est fondamental pour le moral », assure MarieFrançoise. Cette septuagénaire, qui s’est battue contre deux cancers, ne tarit pas d’éloges sur les cours d’activité physique adaptée qu’elle suit au Centre Ressource de Paris*. Cet établissement, dont l’inauguration est prévue ce mardi, propose à tout malade du cancer de suivre des séances de yoga, de Pilates, ou encore de sophrologie, mais aussi un accompagnement individuel sur la nutrition, le sport, le sommeil, et une thérapie collective. « Les traitements permettent la survie, cet accompagnement thérapeutique aide les patients à vivre, et les deux sont complémentaires, justifie Jean-Loup Mouysset, oncologue et fondateur, en 2011, du Centre Ressource d’Aix-en-Provence, première des cinq structures du genre en France. Mieux on s’occupe de la personne et de son entourage, plus on la met dans de bonnes dispositions pour lutter contre la maladie. » Depuis trois ans environ, le souci du mieux-être des patients s’est invité à l’hôpital. Grâce à ces derniers qui ont exprimé le besoin de se réapproprier leur corps et de rompre l’isolement dans lequel la maladie les plonge. « Echanger sur son vécu, sans les soignants, a un effet thérapeutique en lui-même », confirme Carole Bouleuc, responsable du département de soins de support à l’Institut Curie.
Une pratique à définir
« Quand j’étais jeune, on disait aux patients en chimiothérapie de surtout se reposer, se remémore Caroline Cuvier, oncologue à l’hôpital Saint-Louis (APHP). Maintenant, on sait que c’est un contre-message. Le premier symptôme des gens traités pour un cancer, c’est la fatigue. Or, le sport diminue la fatigue et l’anxiété, améliore le sommeil et la confiance en soi. » Des travaux de l’université de Stanford prouvent même qu’avec un tel accompagnement, « le patient vit deux fois plus longtemps, mieux et souffre moins », souligne le Pr Mouysset. Marie-Françoise, qui n’avait pas fait de sport depuis trois ans, confirme : « Hier, ma kinésithérapeute était impressionnée : mes tensions dans le dos avaient presque disparu. » Si l’engouement pour les soins complémentaires est évident, les professionnels de santé sentent cependant un besoin de définir, de sélectionner et d’étudier les effets de ces pratiques très diverses. « L’approche psycho-corporelle que l’on trouve dans la sophrologie, par exemple, a prouvé son efficacité. Mais je suis plus vigilante sur tout ce qui est naturopathie. Les plantes ont parfois des effets secondaires délétères », prévient Carole Bouleuc.