Le « Name and Shame » blâme plus qu’il ne nomme
L’appel au « Name and Shame » (« nommer et blâmer »), qui consiste
à dénoncer publiquement des responsables d’un acte criminel, délictueux ou antisocial, est-il efficace lorsqu’il est appliqué au harcèlement sexuel en milieu professionnel? Lancé vendredi dans la foulée du scandale Weinstein, le hashtag BalanceTonPorc a engendré plus de 61 000 tweets en quarante-huit heures. Pour autant, une très large majorité des femmes qui témoignent ne nomment pas leur « porc ». « C’est principalement dû à la peur de perdre son travail et d’être accusée de diffamation, un grand classique de la stratégie de défense de l’agresseur », affirme la juriste Catherine Le Magueresse, ancienne présidente de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AFVT). De plus, avoir à affronter une procédure judiciaire longue peut être douloureux, surtout lorsqu’elle aboutit à un non-lieu. « Cette parole devrait trouver un autre écrin que Twitter », estime Marilyne Baldeck, déléguée générale de l’AVFT, qui rappelle par ailleurs que « de nombreuses femmes restent éloignées de ce canal de communication ». Selon elle, il faudrait « davantage de moyens pour appliquer la loi de 2012 sur le harcèlement sexuel ». Car, « si toutes les femmes harcelées se manifestaient, on n’aurait pas les moyens d’enregistrer toutes les plaintes ».