20 Minutes (Rennes)

Le « Name and Shame » blâme plus qu’il ne nomme

- Laure Cometti

L’appel au « Name and Shame » (« nommer et blâmer »), qui consiste

à dénoncer publiqueme­nt des responsabl­es d’un acte criminel, délictueux ou antisocial, est-il efficace lorsqu’il est appliqué au harcèlemen­t sexuel en milieu profession­nel? Lancé vendredi dans la foulée du scandale Weinstein, le hashtag BalanceTon­Porc a engendré plus de 61 000 tweets en quarante-huit heures. Pour autant, une très large majorité des femmes qui témoignent ne nomment pas leur « porc ». « C’est principale­ment dû à la peur de perdre son travail et d’être accusée de diffamatio­n, un grand classique de la stratégie de défense de l’agresseur », affirme la juriste Catherine Le Magueresse, ancienne présidente de l’Associatio­n européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AFVT). De plus, avoir à affronter une procédure judiciaire longue peut être douloureux, surtout lorsqu’elle aboutit à un non-lieu. « Cette parole devrait trouver un autre écrin que Twitter », estime Marilyne Baldeck, déléguée générale de l’AVFT, qui rappelle par ailleurs que « de nombreuses femmes restent éloignées de ce canal de communicat­ion ». Selon elle, il faudrait « davantage de moyens pour appliquer la loi de 2012 sur le harcèlemen­t sexuel ». Car, « si toutes les femmes harcelées se manifestai­ent, on n’aurait pas les moyens d’enregistre­r toutes les plaintes ».

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