Asia Argento ouvre la voix
L’actrice s’engage pour libérer la parole des femmes
«J’ai préféré faire Danse avec les stars en Italie que sucer une bite. Mais c’est pareil, ça ne m’a pas fait du bien. Je l’ai fait pour mes enfants. Je n’avais plus d’argent. » Au début de l’été, ce témoignage d’Asia Argento à 20 Minutes résonnait comme une punchline. Aujourd’hui, il prend une autre dimension après les révélations de l’actrice sur les violences sexuelles dont elle affirme avoir été victime en 1997. Son bourreau ne serait d’autre que le producteur hollywoodien Harvey Weinstein. Depuis une dizaine de jours, Asia Argento se mobilise pour dénoncer les violences faites aux femmes. Sur les réseaux sociaux, où elle s’exprime en italien, en anglais et en français, elle appelle à la libération de la parole. En remontant ses tweets, on trouve un extrait de Scarlet Diva, film qu’elle a réalisé en 1999. Elle y incarne une aspirante réalisatrice à laquelle un producteur demande de lui « sucer les boules ». « Plusieurs fois, on m’a demandé si j’avais vécu une telle expérience. A chaque fois, j’ai répondu que oui. Mais personne n’en a fait état », a-t-elle déploré dans La Stampa. La journaliste Daniela Fedi confirme. « Je me souviens de ses paroles : ‘‘Ce gros dégueulasse est si puissant qu’il ne risque rien (...). Je risquerais de perdre l’estime d’Abel [Ferrara, le réalisateur avec lequel l’actrice rêvait de tourner]. Je ne peux même pas y penser [à dénoncer Weinstein]’’, raconte Daniela Fedi dans les colonnes d’Il Giornale. J’ai essayé de la consoler et j’ai fini par lui donner raison : tente d’oublier, tu es jeune, tu as la vie devant toi. » A La Stampa, Asia Argento précise : « A l’époque, il n’y avait pas eu de scandales sexuels comme celui de Bill Cosby. Si on avait parlé, personne ne nous aurait crues, nous, les femmes. On nous aurait traitées comme des prostituées. » D’ailleurs, c’est anonymement qu’Asia Argento a d’abord accepté de témoigner auprès de Ronan Farrow, le journaliste du New Yorker. « Après avoir raconté mon histoire, j’ai dit à Ronan d’en parler aux autres actrices et top modèles [qu’il avait contactées], et de préciser que j’avais décidé d’accepter que mon nom soit publié, explique-telle à La Stampa. Le lendemain, Farrow m’a rappelée pour me dire que les autres femmes aussi, poussées par mon récit, avaient décidé d’aller de l’avant. Avant, c’était impossible. Il y avait une omerta totale au sujet de Weinstein. »
« Avant, il y avait une omerta totale au sujet de Harvey Weinstein. »
Asia Argento