Les Catalans divisés par la perspective de la tutelle
Le gouvernement espagnol a annoncé, samedi, une mise sous tutelle du pouvoir provincial
Le bras de fer se poursuit. Samedi, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a annoncé des mesures draconiennes pour empêcher la sécession de la Catalogne, provoquant l’ire de son président, Carles Puigdemont, qui a accusé Madrid de se placer « hors de l’Etat de droit ». Première des mesures, qui restent toutefois à être validées par le Sénat, vendredi, la destitution de l’ensemble du gouvernement catalan, la région serait alors dirigée par des ministères nationaux jusqu’à de nouvelles élections, dans six mois maximum. Cigare cubain au bec, Pere se demande bien lors de sa promenade dominicale à Barcelone qui pourrait participer à ce scrutin : « Si ce sont les mêmes partis qui se présentent, les indépendantistes vont finir majoritaires. A Madrid, ils le savent. Qui ne dit pas qu’ils vont interdire ces partis ? Leur idée de la légalité, on la connaît. »
Paix et travail
Autre mesure prévue, la mise sous tutelle de la radio et de la télé publiques, mais, surtout, de la police catalane. Le jour du référendum sur l’autodétermination, le 1er octobre, les Mossos d’Esquadra ont eu un rôle prépondérant. En haut des Ramblas, les policiers qui y sont postés depuis l’attentat du 19 août préfèrent ne pas faire de commentaire. Si la réaction de Carles Puigdemont, samedi, a satisfait de nombreux séparatistes, elle commence à échauffer sérieusement les anti. Joaquin, retraité, se dit « de sang 100 % catalan, mais 100 % espagnol ». Avec sa femme Carmen, ils attendent l’application de l’article 155 (qui permet de mettre sous tutelle le gouvernement provincial). « Moi, en cas de guerre, j’agirai sous la bannière espagnole ! » s’emporte Joaquin tandis que sa femme tente de calmer ses ardeurs, en assurant que « désormais, on va revenir à la normalité. Les gens veulent juste vivre en paix et, surtout, travailler. Les grandes entreprises sont en train de partir. » Plusieurs d’entre elles ont en effet déjà indiqué vouloir déménager leur siège social (CaixaBank, Gas Natural, Colonial…). Les touristes, eux, se font déjà moins nombreux. Et « les chiffres baissent », confirme Miguel, restaurateur place Sant Josep Oriol. Si le conflit semble freiner l’économie, il amplifie l’antagonisme dans la société catalane.