Contre les coupures d’hiver, EDF brandit le nucléaire
Un ancien du groupe dénonce une idéologie très ancrée
«Des coupures d’électricité vont certainement se produire cet hiver. » Ce scénario inquiétant émane de Virginie Neumayer, membre du comité central d’entreprise (CCE) d’EDF. A l’occasion d’une conférence mercredi, l’instance représentative du personnel a estimé qu’une vague de froid dans les prochains mois pourrait faire exploser la demande d’électricité, sans que l’offre ne soit capable de suivre. Le CCE d’EDF estime qu’il faut « engager sans tarder la construction de nouveaux moyens de production thermiques, nucléaires et hydrauliques ».
Et la transition énergétique ?
Autrement dit, miser sur presque tout, sauf sur les énergies renouvelables. Une montée en puissance des énergies « vertes » (éolien, solaire, etc.) serait-elle dangereuse pour la sécu- rité d’approvisionnement électrique du pays ? L’idée est dénoncée par Yves Marignac, porte-parole de l’association NégaWatt, qui milite pour une transition énergétique. « Actuelle-
ment, 20 réacteurs d’EDF [sur 58] sont à l’arrêt, en partie pour des problèmes de non-conformité et de sûreté. Le grain de sable, ce n’est pas la montée du renouvelable, c’est l’indisponibilité du nucléaire. » L’attitude plutôt pronucléaire du CCE d’EDF ne surprend pas Gérard Magnin, ancien membre du conseil d’administration d’EDF. « Il y a une idéologie extrêmement ancrée à EDF. Leur conseil d’administration est ultra imprégné de cette monoculture du nucléaire. Ce n’est en prolongeant ce système qu’on va trouver une solution. »