20 Minutes (Rennes)

La faim plus forte que la honte

Des internaute­s de « 20 Minutes » racontent combien les Restos du coeur les ont aidés

- Charlotte Murat

La campagne d’hiver des Restos du coeur a commencé. En 2016, l’associatio­n a distribué plus de 135 millions de repas à 900 000 bénéficiai­res. Des gens qui, une fois par semaine, viennent y chercher un colis alimentair­e, de quoi se nourrir, eux et leur famille. Ces gens, Rémy avoue avoir pensé « que c’étaient des cas sociaux, des personnes qui n’essayaient pas de s’en sortir ». Jusqu’au jour où lui aussi a dû pousser la porte de l’une des 2 085 antennes des Restos. Celle de Bruyères, dans les Vosges. « J’avais 20 ans et le restaurant dans lequel je travaillai­s venait de fermer. Pôle emploi a mis beaucoup de temps à me verser l’indemnité chômage et mes parents ne voulaient pas m’aider. » Cet internaute de la page Facebook de 20 Minutes s’est alors tourné vers l’associatio­n fondée par Coluche en 1985. « J’ai beaucoup réfléchi avant de m’inscrire. J’avais honte de faire appel à la générosité pour manger. Mais je n’avais plus d’autre choix. » De sa « première fois », le jeune homme se souvient de la chaleur qui régnait dans les locaux : « Les bénévoles semblaient vraiment heureux de nous aider. On ne se contente pas de remplir son cabas et de partir. Ils prennent le temps de s’asseoir autour d’un café, de discuter. Ils prennent vraiment soin de nous. »

La « peur d’être reconnus »

Cet accueil, c’est aussi ce qui a le plus touché Muriel quand, à 45 ans, elle et son mari ont poussé la porte des Restos après la faillite de leur entreprise. « Nous baissions la tête de peur d’être reconnus. Nous avions l’impression de prendre la place de quelqu’un de plus démuni. Heureuseme­nt que les personnes sont accueillan­tes et ne jugent en aucune façon. On est considéré comme des êtres normaux, et c’est très important. » En plus des colis alimentair­es et des sourires, l’associatio­n mène des actions en faveur de l’emploi, du logement, des loisirs, distribue des vêtements. C’est comme cela que, grâce à l’antenne de Reims, Lilou a pu vêtir et envoyer ses enfants en colonie « pour leur offrir des vacances ». « Ce n’est pas facile de demander de l’aide, car vous n’êtes pas capable de subvenir aux besoins de vos enfants », reconnaît-elle. Autant de coups de pouce qui peuvent permettre de rebondir. Pendant deux hivers et un été, Rémy a récupéré de la nourriture une fois par semaine. Aujourd’hui, tout va mieux pour celui qui a effectué une reconversi­on profession­nelle dans la vente et qui, depuis, ne rate aucune campagne de dons. « On ne sait jamais de quoi l’avenir sera fait », insiste-t-il.

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L’an passé, l’associatio­n est venue en aide à 900000 bénéficiai­res.

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