Affreux, sales et mélancoliques
Hyacinthe, Columbine et Eddy de Pretto incarnent une nouvelle voix musicale radicale
Qu’ils chantent la « Fête de trop », souhaitent « Plus de plaies » ou vantent leur « Ballade sauvage », Eddy de Pretto, Hyacinthe et Columbine ont plus en commun qu’un agenda de concerts chargés. Les Parisiens pourront les entendre ce vendredi et samedi au festival Chorus des Hauts-de-Seine, ou encore, pour Columbine, au Bataclan. On peut, pour faire vite, les ranger à la case rap-chanson, mais ces artistes ont surtout en commun de présenter une nouvelle voix musicale radicale.
Ecritures sans concession
Depuis leur explosion il y a deux ans, Columbine, collectif rennais aux frontières floues où Foda C et Lujipeka se chargent seuls des morceaux, a suscité pas mal de malentendus. « On ne fait pas du rap débile, expliquent-ils aujourd’hui. C’est désespérant d’être réduits à ça. On recherche des thèmes originaux, une musicalité, on évite tous les clichés et codes du rap, qui sont dépassés. On travaille énormément pour exprimer notre liberté artistique. Depuis quand être différents de la masse est interdit aux artistes ? » Dépasser les codes et faire une musique qui « ne ressemble à rien », c’est aussi à cela que s’attelle Hyacinthe avec son album Sarah : « Ce qui m’intéresse, ce sont les zones de gris. J’ai un goût pour le bizarre, le sale. Le challenge : en faire une musique accessible. Le rap aujourd’hui part dans toutes les directions. Moi, j’assume un romantisme un peu crétin, la brutalité, la tristesse. Je peux aller d’un refrain pop à des passages bruitistes. Je trouve normal de perdre un peu les gens puisque, moi aussi, je suis paumé. » Enfin, Eddy de Pretto, chanteur inspiré, sans doute par le rap, mais pas uniquement, a conçu un premier EP revêche mais sensible : « Ce qui me plaît dans les retours que j’ai, c’est que les gens adhérent ou rejettent à 100 %. Je veux leur envoyer un truc radical dans la gueule. Avec la mienne, de toute façon, t’acceptes en bloc ou tu dis non tout de suite. Je ne fais pas de charme, j’attaque. » Dans ses paroles et ses performances scéniques, il dresse le portrait d’une génération fêtarde mais pas insouciante : « Ce projet, c’est moi totalement. Je me suis mis à l’écriture pour ça, et j’y mets mes tripes, je travaille à l’incarner avec toute ma corporalité. »