20 Minutes (Rennes)

En 1982, le tirage au sort de la Coupe du monde avait multiplié les ratés

Le tirage au sort de la Coupe du monde 1982 a été chaotique

- Bertrand Volpilhac

Un Sepp Blatter avec des cheveux, des pantalons pattes d’eph et la bouille d’ado de Felipe VI, aujourd’hui roi d’Espagne. C’est le décor du tirage au sort de Coupe du monde le plus bizarre de l’histoire, alors que celui du Mondial 2018 a lieu vendredi. Nous sommes en janvier 1982, à Madrid, et la Fifa se ridiculise en mondovisio­n. « On sentait bien qu’il y avait embrouille quelque part, mais on ne sait pas trop où », tente de se souvenir le journalist­e Jacques Vendroux. En cause, « les aléas de la technologi­e », comme le dit la Fédération internatio­nale. Mais c’est bien plus compliqué. Ce Mondial est le premier à 24 équipes : deux phases de poules sont organisées, six têtes de séries sont désignées arbitraire­ment et les dix-huit autres sont réparties en trois pots de six.

« Tiré par les cheveux »

Simple, a priori. Avec juste une subtilité, inventée pour éviter que les pays sudamérica­ins ne s’affrontent au premier tour. « Il avait été décidé que la répartitio­n des pays du chapeau B [Belgique, Ecosse, France, Irlande du Nord, Chili et Pérou], ferait l’objet d’un traitement spécial, écrivait L’Equipe. On ne placerait d’abord dans la sphère que les quatre équipes européenne­s. » Sauf que Blatter oublie cette petite astuce. La Belgique, au lieu d’être placée avec le Brésil, tombe avec l’Italie. Du coup, le Chili et le Pérou peuvent arriver face à la Seleção. La Fifa s’en rend compte trop tard. S’ensuivent six minutes de malaise, en direct à la télévision. Blatter finit par prendre la parole et envoie finalement la Belgique avec l’Argentine. L’Ecosse sera opposée au Brésil. Dans la confusion la plus totale, le tirage au sort se poursuit tant bien que mal. Jusqu’à ce que la machine décide de trahir, elle aussi, la Fifa. L’une des boules est coupée en deux et une moitié vient bloquer le mécanisme. Cette boule est arbitraire­ment envoyée dans le groupe de l’Allemagne et l’Algérie. Ce qui entraînera l’un des plus gros scandales de l’histoire du foot moderne, le « match de la honte ». Lors de la dernière rencontre de poule, une victoire de la Mannschaft sur son cousin germanique par un score de 1-0 suffit pour qualifier les deux équipes en 8es et éliminer les Fennecs. Ce qui s’est passé. Ce tirage au sort rocamboles­que a évidemment discrédité la Fifa. Dans son édition du lundi, L’Equipe titre : « Tiré par les cheveux », avant d’en rire. « Tel est pris qui croyait prendre, écrit Gérard Ernault. La Fifa a voulu arranger les affaires des pays sudamérica­ins à sa façon, et elle s’est retrouvée victime de sa propre manoeuvre. C’est une dure leçon. » Si Sepp Blatter a plaidé coupable, il a trouvé le moyen de se dédouaner sur les enfants chargés du tirage. Depuis cette mascarade, la Fédération internatio­nale n’a plus jamais confié un tirage au sort à une machine. La main de l’homme est plus sûre.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Avant de jouer face aux Bleus, l’Autriche était dans le groupe de l’Allemagne.
Avant de jouer face aux Bleus, l’Autriche était dans le groupe de l’Allemagne.

Newspapers in French

Newspapers from France