20 Minutes (Rennes)

Les calendrier­s de l’Avent, c’est aussi pour les grands

Pourquoi le fameux calendrier, devenu laïque, rencontre-t-il autant de succès?

- Anne Demoulin

Qu’il est loin le temps où les calendrier­s de l’Avent n’étaient destinés qu’à faire patienter les enfants jusqu’à Noël. Le premier calendrier de l’Avent, sous la forme d’une planche cartonnée avec 24 fenêtres prédécoupé­es, est commercial­isé en 1920, mais le chocolat s’y invite dès 1958 et vole la vedette à l’image pieuse. Thés, bières, bijoux, produits de beauté, bougies… Le calendrier de l’Avent, devenu laïque, se décline sous des formes multiples. Mais pourquoi cartonne-t-il toujours autant ?

V Une opération de « soft marketing ». Le calendrier de l’Avent est une aubaine pour les marques. « Le mois de novembre était un mois creux, explique Patrice Duchemin, sociologue de la consommati­on et rédacteur de L’OEil de l’Observatoi­re Cetelem. Grâce au

Black Friday et aux calendrier­s de l’Avent, ce n’est plus le cas. » La tendance s’inscrit dans une nouvelle stratégie marketing : « Les marques essaient d’être des “partenaire­s du quotidien”. Le calendrier de l’Avent leur assure une présence régulière, mais “soft” auprès du consommate­ur », analyse le sociologue.

VUn rituel réconforta­nt. Le rituel du calendrier permet au consommate­ur de « reconsidér­er le produit, loin du rush des courses et du matraquage des campagnes publicitai­res », estime Patrice Duchemin. « On a tous besoin de rites pour ponctuer l’année ou la journée, sinon le temps file, reprend Catherine Augé, sophrologu­e et coauteure de Je suis happy ! (First, 14,95 €). Sans repère, c’est l’existence tout entière qui s’échappe. »

V Un plaisir régressif. Le calendrier de l’Avent permet de s’offrir un peu de plaisir tous les jours. « Nous sommes dans une société où l’on a besoin de prendre soin de soi, considère la sophrologu­e. Un petit plaisir, un petit moment à soi permet de retrouver le sourire, même si l’on sait qu’il y a un aspect commercial. Pourquoi s’en priver? » Le calendrier de l’Avent est le « cousin germain de la box, résume Patrice Duchemin. Il réserve de la surprise, de la découverte. Il y a un côté ludique. Avec le calendrier de l’Avent, le consommate­ur joue à la poupée, on est dans la“pollypocke­ti sati on“de la société. » En plein hiver, au moment où les nuits sont longues, « il permet de retrouver pour un instant son âme d’enfant, la légèreté de l’enfance », juge la sophrologu­e. Et si c’était ça, le véritable esprit de Noël ?

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Le produit est décliné sous différente­s formes, comme ce modèle à bougies.

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