20 Minutes (Rennes)

« Des portes s’ouvrent en Grand Chelem », affirme le patron de la Fédération

Le président de la Fédération française de tennis fixe d’importants objectifs

- Propos recueillis par Julien Laloye et Bertrand Volpilhac

Mercredi midi, aux abords de Roland-Garros. Bernard Giudicelli a des petits yeux. Le président de la Fédération française de tennis a mis son réveil pour assister à la remontada de Tsonga à l’Open d’Australie. Il suffisait de le lancer sur la victoire des Bleus en Coupe Davis pour que la machine reparte.

La Coupe Davis Avec la victoire de la France face à la Belgique, vous avez déjà tenu vos promesses de campagne. Pourquoi était-ce si important de la remporter ?

Gagner la Coupe Davis, c’est un truc très profond, dans notre ADN. On a été élevé dans ce culte des Mousquetai­res. La Coupe Davis, c’est ce qui fédère le tennis français et c’est ce qui fait rentrer nos joueurs dans l’histoire. Tsonga, Gasquet et les autres n’ont pas gagné de Grand Chelem, mais ils ont contribué, pour beaucoup, à la vie du tennis français, ces dernières années. Le vrai défi, c’est que ces joueurs-là deviennent des mousquetai­res. Ça veut dire, a minima, la regagner tout de suite.

La chasse au Grand Chelem Le Graal suprême du tennis masculin français reste la victoire en Grand Chelem. A quel point en est-on loin ?

On veut changer le paradigme et développer cette culture de la gagne dès le plus jeune âge. Au lieu d’avoir des gamins obnubilés par le classement français, on va leur dire d’aller à l’internatio­nal. Mais avant, il faut qu’ils se forment dans leurs clubs. C’est parce qu’il a l’affection des siens, l’amitié de ceux qui l’entourent, qu’un jeune arrivera gonflé à bloc chez les pros.

Former des bons juniors, la France sait faire. C’est après que ça se gâte…

Avant 16 ans, le gamin est hors de chez lui, envoyé dans des pôles France. Il ne se construit pas en tant qu’individu. Un enfant a besoin de l’amour de ses parents pour se structurer. Après, progressiv­ement, la famille commencera à transférer son pouvoir vers le coach qui profession­nalisera son parcours.

Vous évoquez les champions de demain. Vous pensez toujours voir Monfils-Tsonga-Gasquet gagner un Grand Chelem ?

Bien sûr qu’on y croit. Moi, j’y crois. Mais c’est à eux d’y croire, maintenant. « Jo », il y croit. « Gaël », il y croit. Mais il faut y croire quinze jours durant. Là, il y a des portes qui s’ouvrent. Ce serait dramatique d’être résignés.

Le prochain vainqueur français de Roland-Garros est-il sur le circuit ou chez lui, en train de taper ses premières balles ?

Bien sûr qu’on le connaît. Ce qu’il faut, c’est arrêter de parler de « potentiel ». Il y a des jeunes qui ont couru des années après ce qu’on leur avait promis, ce fameux potentiel.

L’ambiance chez les filles Avec du recul, ne trouvez-vous pas que le spectacle offert par les filles de l’équipe de France en 2017 n’a fait du bien à personne ?

On a hérité d’un tennis féminin au creux de la vague. Cela fait des années qu’on n’arrive pas à amener des joueuses de 20 ans dans les 100 premières.

C’est toujours la guerre froide entre Mladenovic et Garcia ?

A Melbourne, Thierry Champion, le responsabl­e du haut niveau, doit les rencontrer pour renouer le lien. Je vois arriver le match de Fed Cup contre la Belgique avec une certaine inquiétude.

C’est vraiment envisageab­le de les revoir jouer un double de Fed Cup ensemble ?

Si elles sont sélectionn­ées, évidemment. Mon rôle, c’est de les amener dans les vestiaires. J’ai connu des pays qui ont battu la France en Coupe Davis avec des joueurs qui ne se parlaient pas. Je ne suis pas là pour qu’elles s’aiment, mais pour qu’elles gagnent. On n’est pas en colo.

Le retour de Marion Bartoli, ça vous réjouit ou ça vous inquiète ?

Le jour où elle m’en a parlé, je lui ai dit : « On ne fera rien sans l’avis des médecins. » Ils ont donné le feu vert. Je l’ai vue taper, c’est impression­nant. Il faut qu’elle se prépare physiqueme­nt, qu’elle perde du poids. Elle doit accepter d’aller taper des balles avec des gamines qui sont 200es mondiales. Ça, elle reconnaît qu’elle a du mal. Marion, elle est exceptionn­elle et elle m’a bouleversé. Ce serait extraordin­aire qu’elle revienne de façon performant­e, et je ne parle même pas de gagner.

Son bilan à la tête de la FFT Vous êtes en fonction depuis bientôt un an. Vous vous mettez quelle note ?

Sur ma première année, je dirais de façon très modeste que je me mets un « Bien ». Il manque un Grand Chelem.

Mention « Bien », parce que vous avez su tempérer quelques sorties médiatique­s tapageuses…

Tout à fait, j’ai fait quelque fois machine arrière. On commet tous des erreurs. Mais je veux continuer à bousculer, à remettre en cause, à sortir les gens de leur zone de confort, pour aller dans la culture de la performanc­e.

Vous avez été aussi élu pour remettre à flot une fédé à la réputation de plus en plus discutable…

L’image, ça se construit. Il faut établir des fondations, qui préviennen­t de ce qui peut nuire à l’image. On a mis en place un comité d’éthique qui donne ses avis. Il y a une organisati­on qui nous permet d’être plus réactifs et en prise avec les réalités de terrain.

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Bernard Giudicelli espère que la France fera le doublé en Coupe Davis.

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