Des hommes aussi veulent porter la voix de #MeToo
Le soutien des hommes au féminisme ne date pas d’hier
Ils sortent de leur silence. Lundi, puis mardi, des personnalités masculines (journalistes, réalisateurs, universitaires…) ont signé des tribunes dans lesquelles ils affichaient leur solidarité à #MeToo, ce mouvement de libération de la parole des femmes victimes d’agressions et de harcèlement sexuels. Une « réaction saine et sobre », saluée par Stéphanie Le GalGorin. Pour la sociologue spécialiste de l’égalité femmes-hommes et militante féministe, « on ne pourra pas avancer [sur ce sujet] sans eux ». Leur soutien n’est toutefois pas récent.
Dès le XIXe siècle
« A la naissance des premières grandes associations féministes, à la fin du XIXe siècle, il y a eu jusqu’à un tiers d’hommes militant pour le féminisme, rappelle Christine Bard, historienne et directrice du Dictionnaire des féministes (PUF). La Ligue du droit des femmes était mixte, et il y eut même une Ligue des électeurs pour le suffrage des femmes. » Plus tard, après Mai-68 et l’émergence du Mouvement de libération des femmes, une minorité d’entre eux a accompagné les luttes pour la contraception, l’IVG… Puis ils se sont faits plus discrets, non sans exprimer leur solidarité en privé. Aujourd’hui, la lutte contre les inégalités entre les hommes et les femmes se fait main dans la main, toujours aussi discrètement. Des associations comme Osez le féminisme ou le collectif Georgette-Sand comptent quelques hommes. Dans l’association féministe et mixte Mix-Cité, cofondée en 1997 par Clémentine Autain, le mot d’ordre est de mélanger hommes et femmes. Patric Jean, réalisateur de La Domination masculine, a créé le réseau Zéromacho avec ceux qui s’engagent de manière ouverte contre la prostitution et pour plus d’égalité. S’il est encore trop tôt pour dire si cette solidarité masculine constituera un tournant dans le mouvement #MeToo, il est « essentiel », assure Christine Bard. Même si « c’est compliqué, pour beaucoup de militantes féministes comme moi, de faire confiance ».