« Je suis sans doute un vieux nostalgique »
Woody Allen fait revivre un quartier de New York
Dès lors qu’il s’agit de faire revivre un New York désuet, Woody Allen est à son top. Dans Wonder Wheel, Kate Winslet est vibrante d’émotions en femme vieillissante qui s’ennuie avec son mari (étonnant Jim Belushi) avant de tomber sous le charme d’un maître-nageur (Justin Timberlake). L’arrivée de sa belle-fille (Juno Temple) torpille leur fragile équilibre au fil d’une intrigue sensible, qui trouve un écrin idéal dans le Coney Island des années 1950.
Drames intimes
Ce quartier situé près de Brooklyn a beaucoup compté pour le cinéaste de 82 ans. « Je me suis toujours senti étrangement décalé et étonnamment à l’aise dans cet endroit que le temps semblait déjà avoir oublié dans les années 1950, raconte Woody Allen. Ce qui m’intéressait, c’était de montrer l’existence de gens qui vivent dans cette atmosphère de fête perpétuelle. Cela ne les empêche pas de connaître des drames intimes d’autant plus poignants que tout le monde s’amuse
autour d’eux. » Coney Island existe toujours, mais ne ressemble plus que à ce que le film dépeint. « Je ne sais pas qui a le plus changé de New York ou de moi, insiste Woody Allen. J’ai peine à retrouver la ville que j’ai tant aimée quand je m’y promène aujourd’hui. C’est pour cela que je tente de lui redonner vie dans mes films. Je suis sans doute ce qu’on peut appeler un vieux nostalgique. Je me dis parfois que j’en étais déjà un à 20 ans… »