20 Minutes (Rennes)

Une morbide usine à fantasmes

Une nouvelle hypothèse a été dévoilée mardi pour expliquer la mort de l’enfant

- De notre envoyé spécial au Puy-en-Velay (Haute-Loire), Vincent Vantighem Suivez l’audience sur le compte Twitter de notre journalist­e : @vvantighem.

Il était un peu plus de 10 h, mardi, quand Caroline Rey-Salmon, pédiatre et légiste, a résumé « l’affaire Fiona » à la cour d’assises de la HauteLoire. « Tant qu’on n’aura pas son corps, on ne pourra jamais qu’émettre des hypothèses. » Jugés en appel pour la mort de la fillette, Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf prétendent toujours ignorer les causes de son décès et ne pas se souvenir de l’endroit où ils l’ont prétendume­nt enterrée en 2013. C’est sans doute à cause de cela que l’enquête s’est muée, depuis, en usine à fantasmes sordides. Elle a ainsi produit des médiums assurant communique­r avec Fiona depuis l’au-delà, des particulie­rs décidés à creuser le Puyde-Dôme jusqu’à retrouver son cadavre, des justiciers persuadés que le droit français autorise l’utilisatio­n du « sérum de vérité » comme dans les aventures de Tintin. Mardi, ce catalogue s’est étoffé du « tuyau » fourni par une excodétenu­e de l’accusée. Képi sous le bras, deux gendarmes ont raconté à la barre comment cette « source fiable » leur avait expliqué, en 2014, que l’on ne retrouvera­it jamais Fiona. Et pour cause : à l’intérieur de la prison de Corbas, sa mère prétendait que la petite avait été « brûlée » après avoir été « violée ». Comme s’il était possible d’aller plus loin dans l’horreur…

« Du délire complet ! »

L’avocate Marie Grimaud a tenté de reconstitu­er le puzzle macabre. Le père de Cécile Bourgeon était connu pour agressions sexuelles. Il a justement menti sur son emploi du temps du 12 mai. Et puis, on a retrouvé sept culottes de petite fille dans le squat où les accusés se droguaient. « C’est n’importe quoi », lâche Berkane Makhlouf. « Du délire complet ! » complète Cécile Bourgeon, visiblemen­t sous le choc. Rodolphe Costantino, avocat de l’associatio­n Enfance et Partage, a justifié la sortie de cette nouvelle hypothèse. « Madame Bourgeon, il faut vous rendre compte qu’on en vient à imaginer des choses pires encore, parce que vous taisez la vérité. » Marie Grimaud a abondé : « Si vous êtes “certaine” que Fiona n’a pas été violée, c’est que vous êtes consciente de ce qu’il s’est vraiment passé! » Mais Cécile Bourgeon s’est rassise et le procès s’est poursuivi comme si de rien n’était. A ceci près que le prétoire a longtemps résonné de la seule certitude lancée le matin par le Dr Rey-Salmon. « Tout ce que je vois dans ce dossier, c’est que cette enfant était victime de maltraitan­ces. » Le verdict est attendu vendredi en soirée.

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Fiona a disparu en mai 2013. Son corps n’a toujours pas été retrouvé.

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