Comme un malaise dans la voix
La plupart des assistants vocaux ont un prénom et une voix de femme
Mis à part Alexa (Amazon), la plupart des assistants vocaux intelligents (Siri d’Apple, Cortana de Microsoft, Google Home) n’ont pas une identité de genre définie : on peut leur attribuer une voix d’homme ou de femme. Mais on ne va pas se mentir, leur prénom n’a rien de masculin.
« Ne pas pouvoir déterminer le sexe d’un être humanoïde crée un malaise chez l’interlocuteur. »
Isabelle Collet, chercheuse
Comme l’a noté le site Quartz, le prénom de l’assistant d’Amazon a été choisi en hommage à l’ancienne bibliothèque d’Alexandrie; Siri signifie en norvégien « une belle femme qui vous conduit à la victoire » ; Cortana est un personnage de la série de jeux vidéo « Halo », qui n’a pas de forme physique, mais qui projette une version holographique d’elle-même, soit une femme dénudée et sexy. Seul Google s’est refusé à identifier son intelligence artificielle à un humain. Pour les libérer de toute identité de genre, ne pourrait-on pas plutôt imaginer une voix neutre (ni homme ni femme) ? « C’est probablement ce qu’il y a de plus facile à faire, concède Isabelle Collet, maîtresse d’enseignement et de recherche en sciences de l’éducation, spécialiste des questions de genre. Mais, à partir du moment où l’on développe un être humanoïde, ne pas pouvoir déterminer son sexe crée un vrai malaise chez l’interlocuteur. » La chercheuse renvoie à une expérience scientifique de 1976, où des adultes ont été amenés à jouer avec un bébé habillé en vert. On s’est aperçu que « les gens n’arrivent à avoir une interaction sympathique avec le bébé qu’à partir du moment où ils déterminent arbitrairement son sexe. » Le malaise est le même avec un avatar humanoïde. « Donner un visage humain à l’assistant vocal favorise son adoption », insiste-ton chez Cap Digital, le pôle de compétitivité et de transformation numérique. La meilleure réponse à la question du genre resterait de diversifier les avatars à la manière des émojis qui se sont ouverts aux minorités. Laisser le choix à l’utilisateur de décider s’il a affaire à un homme ou une femme serait une autre piste. Qui sait, peut-être un jour pourrons-nous mettre Alex, Cortano et Siro au garde-à-vous ?