20 Minutes (Rennes)

La réalité fait désordre

« L’Ordre des choses » montre les états d’âme d’un policier italien face au sort des migrants

- Caroline Vié

Andrea Segre livre un film fort et engagé avec L’Ordre des choses. Documentar­iste réputé, le réalisateu­r de La Petite Venise a préféré recourir à la fiction pour décrire la prise de conscience d’un policier italien (interprété par Paolo Pierobon) envoyé en Libye pour négocier le fait que les migrants africains ne débarquent pas dans son pays. « La fiction permet une plus grande liberté, explique le réalisateu­r transalpin à 20 Minutes. Il m’était impossible de filmer ce que j’avais vu sur place, mais tout ce que je raconte est avéré. » Notamment la façon dont le gouverneme­nt italien engage des milices pour retenir les réfugiés en Afrique. Le policier transalpin, héros du film, découvre cela avec horreur. D’autant qu’il s’attache, sur place, à une jeune Somalienne. De quoi ébranler ses certitudes et remettre sa neutralité en question. « Si les migrants ne pénètrent pas en Italie, le gouverneme­nt pense que, au moins, il ne pourra pas être accusé de violer leurs droits », raconte Andrea Segre. C’est après avoir tourné le documentai­re Une mer fermée, en 2012, que le cinéaste a découvert l’ampleur du problème de ces mercenaire­s engagés discrèteme­nt afin de « couper le robinet de l’immigratio­n », comme le dit l’un des personnage­s du film. « Les migrants ne sont pas l’unique sujet de L’Ordre des choses, martèle le cinéaste. J’ai choisi de parler de l’Italie parce que je suis italien, mais le problème éthique et identitair­e que j’aborde concerne toute l’Europe. » Déchirée, comme son héros, entre humanisme et raison d’Etat.

« Tout ce que je raconte est avéré. »

Andrea Segre, réalisateu­r

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Paolo Pierobon (au centre) incarne un policier transalpin envoyé en Lybie.

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