La Bretagne tente de se protéger des marées noires
Il y a quarante ans, la Bretagne était salie par le pétrole de l’ « Amoco Cadiz »
Le 17 mars 1978, l’Amoco Cadiz s’échouait en face de Portsall (Finistère), vomissant sa cargaison sur le littoral. Il transportait 230 000 t de pétrole. « Plus jamais ça », entendait-on partout. En 1999, le scénario se reproduit avec l’Erika. Quarante ans après le naufrage de l’Amoco Cadiz, peut-on s’estimer à l’abri des marées noires ? « Il n’y a pas de risque zéro », reconnaît le vice-amiral d’escadre Pascal Ausseur, préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord. « Mais notre système est aujourd’hui bien meilleur. Nous avons tiré les leçons des catastrophes comme l’Amoco. » Le préfet maritime de la Manche dispose d’une soixantaine de paires d’yeux, qui scrutent en permanence les 800 km de côte de sa zone. Surtout, il a la capacité de mettre en demeure un armateur. « Si je vois qu’un navire est en difficulté, je peux lui imposer l’intervention d’un remorqueur à ses frais. Souvent, il suffit que je brandisse cette menace pour que le capitaine fasse le nécessaire », poursuit Pascal Ausseur.
L’odeur insupportable
Dans le cas de l’Amoco, les négociations autour du remorquage s’étaient éternisées et avaient conduit au drame. « L’odeur était insupportable et on voyait les vagues ramener toujours plus de pétrole. La scène était surréaliste », se souvient Marguerite Lamour, secrétaire de mairie à l’époque et actuelle maire de Ploudalmézeau. Ce drame a permis à la Bretagne de mieux se protéger. « La législation a évolué et les constructeurs de bateaux ont dû s’adapter. Nous sommes mieux préparés et mieux équipés si une telle catastrophe devait se reproduire », poursuit la maire. Les autorités bénéficient en plus de meilleures technologies pour prévenir des accidents. En Manche et mer du Nord, qui voient passer 25 % d’un trafic maritime mondial en constante progression, les autorités estiment qu’elles évitent deux catastrophes par mois. En alertant les navires d’un danger ou en leur portant secours en cas d’avarie. « Mais un jour, on aura un pépin, c’est évident », reconnaît le préfet.