Mai-68 vieillit bien
Pour 79 % des 18-30 ans, cette période a eu des effets positifs sur la société
L’événement évoque quelque chose de positif pour 79% des 18-30 ans, révèle une enquête #MoiJeune – « 20 Minutes » – Opinion Way.
« Etudiants », « Liberté », « Révolution ». Voilà les trois mots qu’associent spontanément les 18-30 ans à l’évocation de Mai-68. Bien que trop jeunes pour avoir battu le pavé parisien, 85% assurent savoir ce qu’il s’est passé à cette période, selon une enquête exclusive Opinion Way* auprès du panel #MoiJeune de 20 Minutes. « Aujourd’hui, Mai-68 fait partie de notre histoire, c’est enseigné à l’école », rappelle Jean-Pierre Le Goff, sociologue et auteur de La France d’hier, récit d’un monde adolescent : des années 1950 à Mai 68 (Stock). Le thème a même été au coeur d’une épreuve du brevet des collèges, en 2016. A noter, néanmoins, 6% des personnes interrogées chez les 18-19 ans ne savent pas de quoi il s’agit.
Libération de la femme
Pour 79 % des 18-30 ans, Mai-68, et plus globalement cette époque, évoque quelque chose de positif. Ils sont 56 % à associer les manifestations d’alors à des « progrès pour la société qu’il faut continuer à défendre ». Ils sont presque autant à y voir le début de la remise en cause «de l’autorité de l’Etat» (toutefois, on ne sait pas s’ils y voient une avancée positive ou non). Parmi les bénéfices cités par les jeunes : la libération de la femme (56%), la libéralisation des moeurs (48%) et la libération sexuelle (39 %). « Aujourd’hui, on confond l’événement avec son héritage, déplore Jean-Pierre Le Goff. Mai-68 est devenu une sorte d’événement idéalisé un peu fourretout sur les évolutions de société. » Et de préciser que la loi Neuwirth, sur la légalisation de la contraception, date de 1967, ou que celle autorisant les femmes à ouvrir un compte en banque remonte à 1965. Pour autant, seuls 11 % des sondés déclarent rêver de cette époque. « Les idéaux d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes qu’il y a cinquante ans, analyse Jean-Pierre Le Goff. Le chômage de masse a remplacé l’insouciance des Trente Glorieuses. Les jeunes sont préoccupés par le terrorisme, la mondialisation...» Et le regard qu’ils portent sur leurs aînés n’est pas tendre : 13 % estiment qu’il s’agit de «gens qui ont retourné leur veste et donnent des leçons ». * Réalisée en ligne du 16 au 18 avril auprès d’un échantillon représentatif de 850 jeunes âgés de 18 à 30 ans (méthode des quotas).