A Lyon, des familles de disparus se réunissent
Des proches de disparus se réunissent à Lyon ce vendredi pour discuter de l’éventuelle implication de Nordahl Lelandais dans leur cas
Bernard Poncin se marre. Bruyamment. Franchement. Comme si c’était le seul moyen de conjurer le mauvais sort qui le hante depuis deux mois. «Si c’est lui qui est derrière tout ça, ce n’est vraiment pas bon pour AnneCharlotte… » finit-il par expliquer. «Lui», c’est Nordahl Lelandais. Depuis que l’ex-maître-chien a avoué en février les «morts accidentelles» de la petite Maëlys puis du caporal Arthur Noyer, Bernard Poncin se demande s’il n’est pas également responsable de la disparition, en 2016, de sa fille, Anne-Charlotte. Dalila Boutvillain se pose la même question au sujet de son frère Malik. Olga Roux s’interroge sur sa fille Lucie. Marie-France Fiorello pense, elle, à son fils Adrien. Sans parler d’Ahmed, de Jean-Christophe ou de Rachid… Les familles de tous ces disparus se retrouveront, ce vendredi, à Lyon. Réunies à l’initiative de l’association Assistance et Recherche de personnes disparues (ARPD) pour discuter du « cas » Nordahl Lelandais.
Torturées comme impatientes
«Depuis janvier, nous avons identifié une trentaine d’affaires de disparitions dans lesquelles il pourrait être impliqué», annonce Bernard Valézy, le vice-président de l’ARDP. A chaque fois, l’association a transmis tous les éléments en sa possession à la cellule de gendarmerie Ariane, mise spécialement sur pied pour découvrir si Nordahl Lelandais n’a pas fait plus de victimes qu’il ne l’a dit. Secret de l’enquête oblige, les familles n’ont, pour l’instant, aucun retour sur les investigations menées par les gendarmes. Et en sont donc réduites à tirer des conjectures. Mais, au moins, « on a enfin l’impression d’être pris au sérieux par les autorités, assure Dalila Boutvillain. Quand je suis allée déclarer la disparition de Malik en 2012, on m’a dit qu’il n’y avait pas d’effectif pour faire ne serait-ce qu’une enquête de voisinage. Et que, de toute façon, il était majeur.» Le Code pénal français prévoit en effet quasiment un droit à la disparition pour toute personne majeure qui souhaite couper les ponts avec ses proches. «Depuis 2013, il n’y a plus de recherches dans l’intérêt des familles, critique Bernard Valézy qui plaide, désormais, pour la création d’une cellule interministérielle chargée de gérer les cas de disparition. Cela permettrait d’avoir un vrai fichier recensant tous les cas et tous les indices.» «Ce qui est dingue, c’est qu’il a fallu la mort d’une petite fille et d’un jeune homme pour que les choses bougent enfin, résume Marie-France Fiorello. Le problème, c’est que certaines preuves ont dû disparaître avec le temps. Or, Nordahl Lelandais n’avoue que si on lui met les preuves sous le nez. »