Prix minimum, défi maximum
L’Ecosse a introduit, mardi, un tarif minimum pour la vente d’alcool afin de lutter contre ses méfaits. Une mesure que la France est encore très loin d’envisager.
L’Ecosse a instauré un prix minimum. Un exemple dont la France est encore loin de s’inspirer C’est une mesure qui fait grincer des dents de l’autre côté de la Manche. L’Ecosse a introduit mardi un prix minimum pour l’alcool afin de lutter contre ses méfaits. Des mesures similaires ont déjà été adoptées par certains Etats canadiens, la Russie, l’Australie ou encore l’Ukraine. Une telle mesure serait-elle alors envisageable en France ? Contacté par
20 Minutes, le ministère de la Santé n’a pas réagi. Au contraire de la communauté médicale, qui se dit favorable à cette idée. « Nous souhaitons une telle mesure depuis longtemps, car l’alcool bon marché contribue à sa forte consommation en France. Or notre pays reste le troisième plus gros consommateur d’alcool d’Europe et 49 000 personnes meurent chaque année en raison de leur consommation trop forte », estime l’addictologue Philippe Batel.
« Un effet quasi immédiat»
La consommation d’alcool peut être à l’origine d’accidents routiers, de noyades, « mais a aussi des effets à long terme et multiplie les risques de cancers, AVC, infarctus…», explique le médecin. « En France, cette mesure aurait notamment un impact sur le prix des bières bas de gamme et très fortes, ainsi que sur les vins vendus peu chers dans des bouteilles en plastique », note Myriam Savy, porte-parole de l’Association nationale de prévention en alcoologie et en addictologie. Selon Philippe Batel, les initiatives visant à renforcer le prix de l’alcool ont prouvé leur efficacité. « Dans les pays où cela a été instauré, l’effet positif a été quasi immédiat. Car la grande distribution a arrêté de brader les bouteilles d’alcool. Ce qui a limité les orgies, notamment des jeunes », soutient-il. Dans un rapport sur les politiques de lutte contre les consommations nocives d’alcool, publié en juin 2016, la Cour des comptes appuyait ces différents constats et jugeait « souhaitable » la mise en oeuvre d’un prix minimum, sous réserve « que soient créées les conditions de sa conformité au traité sur le fonctionnement de l’Union européenne ». Une telle mesure est toutefois loin de faire consensus en France. « On peut s’imaginer que les lobbys de l’alcool s’y opposeraient fermement, lance Philippe Batel. Comme cela a été le cas en Ecosse. Par ailleurs, depuis le début de son quinquennat, Emmanuel Macron a semblé vouloir les épargner. » Si l’instauration d’un prix minimal pour l’alcool est peu probable sous ce quinquennat, la mesure pourrait toutefois voir le jour à plus long terme : « Le fait que plusieurs pays adoptent ce type de disposition va accélérer la prise de conscience et forcer les gouvernements des Etats voisins à bouger », veut croire Myriam Savy.