Les occupants de Rennes-II passent à l’autogestion
Le blocage se poursuit à l’université Rennes-II. Sur le campus, les occupants du bâtiment B expérimentent l’autogestion
Les vacances sont terminées, mais il n’y avait pas grand monde mercredi sur le campus de Villejean. Lundi, plusieurs centaines d’étudiants ont voté la reconduction du blocage de l’université jusqu’au 7 mai, date de la prochaine AG. Avec Paris-VIII et Jean-Jaurès à Toulouse, Rennes-II reste donc toujours mobilisée contre la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE). « Tant que le gouvernement ne pliera pas, on ne lâchera rien », assure cet étudiant, filant en direction du bâtiment B. Epicentre de la lutte, le bâtiment, rebaptisé le « Bayou », est occupé jour et nuit par plusieurs dizaines d’étudiants depuis début avril. Sur la façade, un tag « Vive la Commune ! » annonce la couleur. « On expérimente ici l’autogestion avec des règles de vie en commun », indique l’un des occupants des lieux, un balai à la main. « C’est comme chez soi, quand c’est crade, on fait le ménage et on débarrasse », poursuit sa voisine.
Ateliers et révisions
A l’intérieur, les dégradations sont pourtant visibles, les murs et les sols recouverts de tags. « Un projet de réfection du hall était prévu avant même la mobilisation. Cela n’entraînera aucun coût supplémentaire pour le budget de l’université », s’est défendue l’AG Rennes-II sur les réseaux sociaux. Un argument balayé par le président Olivier David, qui estime « contradictoire » le fait de « vouloir défendre les conditions d’accès à l’université et en même temps dégrader les locaux ». Sur les murs du bâtiment B, de nombreuses affiches relatent aussi le quotidien du « Bayou » et son lot d’activités. « Il ne faut pas croire qu’on glande ici. On organise plein d’ateliers et de conférences, des projections. Et c’est ouvert à tout le monde », renchérit une autre occupante. Le planning est plutôt light mercredi. « Normal, c’est lendemain de manif ! », sourit une étudiante. Dans la journée, un atelier confection de banderoles et une formation féministe sont au programme. « Certains révisent aussi leurs cours avec des séances collectives qui sont organisées », assure un autre étudiant. Pour l’heure, les partiels ont été décalés et doivent normalement débuter le 17 mai. Mais le calendrier reste encore très incertain. « C’est un peu angoissant. Je continue de réviser sans trop savoir quand auront lieu les examens. Je comprends les motivations des bloqueurs, mais ça devient un peu lassant », indique Sarah, croisée près de la BU, qui reste ouverte malgré le blocage. Quant à la question de l’évacuation du campus, les occupants préfèrent pour l’instant ne pas trop y penser. « On sait très bien que cela peut arriver à tout moment. Mais on n’a pas peur », assure l’un d’entre eux. « Au contraire, l’évacuation des autres facs nous pousse à tenir encore plus. »