A Lisbonne, la musique devrait être bonne
Plusieurs chansons de qualité sont au programme du concours, qui se tient à Lisbonne cette semaine
« La musique, ce n’est pas des feux d’artifice, c’est des émotions. Alors essayons de changer ça et ramenons la musique au centre. » Le 13 mai 2017, juste après avoir remporté l’Eurovision, le Portugais Salvador Sobral a fait grincer bien des dents avec son discours. Un an plus tard, alors que Lisbonne s’apprête à accueillir la 63e édition du concours (les demifinales se tiennent mardi et jeudi, et la finale, samedi), il semblerait que ce voeu ne soit pas resté lettre morte.
Minimalisme imposé
Changement de taille par rapport aux éditions précédentes, les gigantesques écrans LED sont aux abonnés absents. Les candidats peuvent compter sur une débauche de lumière avec quelque 800 spots, mais il leur sera difficile de se reposer sur des projections vidéo monumentales. A en juger par les premières répétitions, cela met des bâtons dans les roues de pas mal de monde. Même si certains contournent la difficulté en venant avec leurs accessoires, à l’instar du Suédois Benjamin Ingrosso qui déambule devant son mur de néons. Le minimalisme imposé n’est pas pour déplaire au chef de la délégation française, Edoardo Grassi, qui a déjà fait savoir que les Tricolores ne sont pas dans la capitale portugaise « pour concourir au prix de la meilleure mise en scène. La chanson d’abord. Le reste suivra. » On l’a en effet constaté lors de la répétition de vendredi soir. Il faut dire que la chanson de Madame Monsieur pour la France exauce le voeu de Salvador Sobral. Le texte de « Mercy » raconte l’histoire vraie d’un bébé né sur l’Aquarius, un bateau venu au secours de migrants naufragés en Méditerranée, et la mélodie électro-pop est dans la lignée d’une French Touch élégante. L’Italie aussi pourrait décrocher le label Sobral. Ermal Meta et Fabrizio Moro scanderont «Non mi avete fatto niente» («Vous ne m’avez rien fait») pour honorer la résilience face au terrorisme. Quant au Danois Rasmussen, il propose un « Higher Ground » épique comme le générique de « Game of Thrones». Waylon, le Néerlandais qui s’est classé deuxième de l’Eurovision en 2014, assure le quota country, et les Bulgares d’Equinox servent un morceau aussi glacé qu’élégant. Autant de propositions élargissant l’éventail de sonorités de cette édition lisboète.