A fond la réforme !
Un an jour pour jour après son élection, le président de la République maintient son rythme en multipliant les annonces. Une stratégie qui n’est pas sans risques.
« Le risque est de paraître pas assez à l’écoute. » Bruno Cautrès, chercheur au CNRS
«On va boucler le programme en un an», avait assuré un député macroniste à 20 Minutes, lors du Conseil national de La République en marche, en novembre. Alors qu’Emmanuel Macron fête le premier anniversaire de son élection, le pari n’est pas tout à fait réalisé. L’exécutif tient, certes, un rythme de réformes soutenu. Depuis leur élection en juin, les députés ont ainsi adopté 112 textes de loi. Le tempo ne devrait pas ralentir puisque l’Elysée veut présenter avant l’été sa réforme des institutions, celle de l’audiovisuel et une loi sur les fausses infos. Un calendrier qui pourrait jouer des tours à l’exécutif. « Macron ouvre plusieurs dossiers en même temps, quitte à multiplier les fronts », constate Nicolas Roussellier, historien et spécialiste de la Ve République. En effet, ces dernières semaines, le gouvernement a mené parallèlement les réformes de la SNCF et de la formation professionnelle et de l’accès à l’université. Il a aussi présenté le projet de loi contre les violences sexuelles et sexistes et fait adopter sa réforme de l’asile et de l’immigration. Une cadence maintenue alors que des contestations sectorielles (prisons, hôpitaux, cheminots) se font entendre. Mais la multiplication des fronts n’ayant pas (encore) mené à la « convergence des luttes » que les opposants appellent de leurs voeux, l’exécutif semble profiter de ce champ libre. En outre, la méthode Macron égratigne « la culture démocratique et républicaine, faite d’écoute, de négociation avec les partenaires sociaux, de concertation des citoyens, de dialogue avec le Parlement », abonde Nicolas Roussellier. « La vitesse a plutôt bonne presse auprès de l’opinion publique », nuance Bruno Cautrès, chercheur au CNRS. Toutefois, « le risque est de paraître trop autoritaire, pas assez à l’écoute, en cumulant les réformes par ordonnances, à un rythme très soutenu, prévient Bruno Cautrès. Par ailleurs, vers quel horizon mènent ces réformes ? Macron ne le dit pas pour l’instant. » L’autre limite de la multiplication des annonces est celle de la lisibilité. « Je ne suis pas sûr que ce qu’il dise soit audible », doutait Dominique Wolton, spécialiste en communication politique au CNRS, en avril. Selon lui, cette stratégie crée « un effet de saturation». Pour être plus audibles, les macronistes se mobilisent jusqu’à l’été afin de défendre le bilan de la première année du quinquennat d’Emmanuel Macron.