Gastronomie
Le Jégado, un gâteau au goût de risque
Croquer dans le gâteau d’Hélène Jégado, c’est un peu avoir le goût du risque. Fabriquée par la maison Durand Chocolatier à Rennes, cette pâtisserie a tout du gâteau breton classique. Dans la recette, on retrouve du beurre et du sucre, auxquels on ajoute un mélange de farine, d’amandes et de cannelle, ainsi que des raisins secs imbibés de rhum et de l’angélique confite de Niort.
Garanti sans arsenic
Sauf que ce gâteau trouve ses origines dans une histoire maléfique. C’est avec cette « arme » qu’Hélène Jégado, cuisinière travaillant dans les maisons bourgeoises et les presbytères, a sévi pendant la première moitié du XIXe siècle en Bretagne. En servant son délicieux gâteau aux hôtes et aux invités, Hélène Jégado prenait un malin plaisir à y ajouter de l’arsenic. Un gâteau mortel qui aurait fait plus de 60 victimes, faisant d’elle la plus grande serial killeuse de l’histoire. « L’angélique servait à masquer la couleur de l’arsenic et l’amande
le goût amer du poison », explique Gaëtan Derrien, gérant de la maison Durand. Guillotinée le 26 février 1852 à Rennes, Hélène Jégado devra attendre 2010 pour refaire surface dans la capitale bretonne. Cette année-là, les anciens propriétaires de la chocolaterie, férus d’histoire, décident de remettre au goût du jour le gâteau. La recette de la cuisinière reste inchangée, sauf le poison bien sûr. « Ce gâteau est garanti sans arsenic », rappelle d’ailleurs le petit texte qui orne chaque gâteau. Depuis, le succès de ce gâteau sulfureux ne se dément pas. « C’est un best-seller chez nous. Nous en vendons en moyenne une trentaine par semaine », assure Gaëtan Derrien.