Saint-Suliac
On a goûté la première cuvée de vin rouge breton
Il a la robe violette des vins jeunes et le nez léger. Mais il est surtout unique. Le vin produit sur les hauteurs de Saint-Suliac est le premier rouge que la Bretagne administrative sort depuis des dizaines d’années. « C’est une telle fierté, vous n’imaginez pas », confie François Gloria, président de l’association de vignerons de Garo. Ce terrain surplombant la Rance a vu de la vigne pousser il y a des siècles. En 2003, une poignée d’amateurs en ont replanté pour faire revivre la tradition. Du chenin d’abord, pour produire un vin blanc léger. Du rondo ensuite. « C’est un cépage tchèque que l’on retrouve en Allemagne, en Pologne ou au Royaume Uni. » Un raisin robuste pas trop gourmand en soleil. Parfait pour la Bretagne.
Très peu de tanin
Plantés il y a quatre ans, les 400 pieds de rondo ont été vendangés pour la première fois en septembre, puis vinifiés. Après neuf mois en cuve, il sera bientôt mis en bouteille. « C’est un vin porté sur le fruit, avec beaucoup de légèreté et très peu de tanin. On retrouve quelques notes de mûre, un peu de framboise », décrit Bernard Tardivel, le maître de chai. « Je le trouve très agréable en bouche. Il manque un peu de profondeur, mais il est jeune. Je pense qu’il faut le garder un peu », estime Rémy Bouvet, membre des vignerons de Garo. « C’est une première étape. Nous avons envie de progresser. On mettra plus de tanin l’an prochain », promet Bernard Tardivel.
Avec 110 l vinifiés, les 41 membres de l’association devront se partager 220 bouteilles de 50 cl de cette première cuvée de rouge. Impossible pour eux de le vendre. « Ce n’est pas notre objectif. C’est une passion », martèle le président François Gloria. Des tour-opérateurs chinois leur ont même proposé 100 €par bouteille. En vain.