Une belle bande de bras cassés
Avec « Le Grand Bain », en salles ce mercredi, Gilles Lellouche réalise une comédie profondément humaine, qui met en lumière une sacrée brochette de quadragénaires décatis.
Ce n’est pas tous les jours que le cinéma français affiche une comédie capable de rivaliser avec le meilleur de la comédie américaine. En plongeant la tête la première dans Le Grand Bain (en salles ce mercredi), Gilles Lellouche signe un drôle de film à la fois profond et suffisamment universel pour faire rire au-delà de nos frontières. Le pitch est simple, mais original : une bande de quadragénaires décatis trouve refuge à la piscine municipale. Ils y découvrent les joies de la natation synchronisée sous la direction d’une ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils mettent toute leur énergie dans une discipline jusque-là réservée à la gent féminine. Ce pari leur permettra peut-être de retrouver un sens à la vie…
Plongée dans la psyché
La principale réussite du film tient au casting. La fine équipe de nageurs artistiques réunit Mathieu Amalric, Benoît Poelvoorde, Guillaume Canet, Philippe Katerine, Jean-Hugues Anglade, Félix Moati, Alban Ivanov et Balasingham Thamilchelvan. On retrouve aussi Marina Foïs, en épouse de Mathieu Amalric, mais surtout Virginie Efira et Leïla Bekhti, en entraîneures rivales aussi complémentaires que convaincantes. Tout ce beau monde ne serait rien sans une direction au top. « Nous ne nous sommes pas mis la pression, confie Philippe Katerine à 20 Minutes. Ce sont plutôt Gilles Lellouche et Julie Fabre [la coach de l’équipe de France de natation artistique, appelée en renfort] qui ont eu peur devant notre niveau de départ… Mais on a fini par se débrouiller ! »
Mais le mieux, c’est que Le Grand Bain n’est pas seulement une bête comédie pleine de gags savoureux. C’est une comédie qui plonge au plus profond de la psyché de ses personnages (problèmes relationnels, de dépression, d’estime de soi...). C’est aussi une comédie collective où chaque individu, par ses interactions avec les autres, renforce le groupe. Le film raconte à quel point la vie peut faire des dégâts.
Le Grand Bain est une comédie chorale, aussi sensible et finaude que l’étaient La Famille Bélier ou Le Sens de la fête, mais elle quitte la sphère de l’intime et devient sociétale, avec des bras cassés qui tentent de réparer leurs blessures de la vie. Cette notion d’effort qui repose sur la solidarité d’un groupe improbable, fait du Grand Bain le petit cousin de The Full Monty de Peter Cattaneo, où des chômeurs britanniques se lançaient dans le strip-tease pour sortir de la crise.