Avec ou sans Trump, l’antisémitisme américain s’étend
Onze morts et six blessés. C’est le bilan de l’attaque de la synagogue de Pittsburgh, samedi, « probablement la plus meurtrière contre la communauté juive de l’histoire des Etats-Unis», a estimé Jonathan Greenblatt, le directeur de l’Anti-Defamation League (ADL). Le signe que l’Amérique de Trump serait plus antisémite ?
«Selon l’ADL, il y a bien une recrudescence des actes antisémites [+57 % entre 2016 et 2017] », avance Elsa Devienne, maîtresse de conférences en histoire et études américaines à l’université Paris Nanterre. «Plus globalement, on constate une détérioration générale des relations interethniques et interreligieuses depuis l’élection de Trump», relève Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite. Justement, beaucoup pointent la responsabilité de Trump, aux relations troubles avec l’extrême droite, dans cette résurgence. « L’augmentation des actes antisémites date de 2014, avant même le début de sa campagne, nuance Lauric Henneton, maître de conférences à l’université de Versailles Saint-Quentin et auteur de La Fin du rêve américain? (Odile Jacob). «Pour moi, il a un niveau de responsabilité dans la mesure où son discours fait écho à des thèses qui préexistent », estime-t-il. Par ailleurs, Trump se montre frileux quand il s’agit de dénoncer la violence des groupuscules d’extrême droite, comme lors des violences à Charlottesville, en août 2017. Enfin, il s’appuie dans ses discours sur une rhétorique agressive, anti-migrants. Est-ce à dire que le président américain a facilité un passage à l’acte comme la tuerie de samedi? «D’après les indices que nous avons, il s’agit d’un suprémaciste blanc convaincu par une théorie du complot juif et qui trouve Trump trop modéré, souligne Jean-Yves Camus. Or, cette mouvance des suprémacistes blancs est bien antérieure à Trump.»