Paradise, ville de cendres
« 20 Minutes » s’est rendu dans la cité californienne anéantie par l’incendie le plus meurtrier de l’histoire de cet Etat américain.
Un labrador de la brigade K9 (canine) renifle des décombres vitrifiés par les flammes. L’animal hésite, sans doute dérouté par la combustion de produits chimiques, puis continue sa quête funeste : il n’est pas là pour retrouver des survivants, mais pour repérer des cadavres calcinés. Mardi, la police de Paradise, localité de 26 000 âmes au nord de la Californie (lire l’encadré), avaient découvert six nouvelles dépouilles, portant le bilan de «Camp Fire», l’incendie le plus meurtrier de l’histoire de l’Etat, à 48 morts. Quand les habitants seront autorisés à rentrer chez eux, c’est une ville presque entièrement rasée qu’ils retrouveront. Le lotissement de Pine Springs comptait 62 maisons préfabriquées. Il n’en reste aucune. On croirait un quartier aplati par des bombes. Ici une baignoire noircie. Là, un reste de frigo. Tout autour, quelques voitures réduites à des carcasses de métal brûlé et de plastique fondu qui crisse sous les pieds. Des flocons de cendres virevoltent dans un silence presque surnaturel. Et, partout, cette odeur de fumée, à peine atténuée par le masque de protection. Plus au nord, le combat contre « Camp Fire» n’est toujours pas terminé. Les routes sont bloquées par la police, qui laisse passer les journalistes avec un avertissement : « Si vous tombez en panne, vous serez seul, sans réseau téléphonique. » Sur la route 70, le brouillard jaune ne cesse de s’épaissir. Après un virage, les flammes sont là. La broussaille crépite et la paroi rocheuse fume sur une centaine de mètres. Un peu plus loin, un hélicoptère s’approche de la rivière dans un vacarme assourdissant. Il y remplit son réservoir d’eau avant de le vider sur les séquoias en feu. Il répète la même manoeuvre, encore et encore.
Au PC sécurité de Chico, à 40 km au sud-ouest, le shérif du comté de Butte ne sait pas encore quand les habitants pourront revenir à Paradise. Les arbres et les poteaux électriques qui peuvent s’effondrer sont le danger immédiat. Sur le long terme, il faudra certainement faire face à la pollution du sol et des nappes phréatiques, à cause des débordements des fosses septiques.
Des dégâts qui se mesureront sur le long terme.