20 Minutes (Rennes)

On est passé derrière le guichet de Cap emploi, à la rencontre de ses agents

Notre journalist­e s’est rendu dans l’agence Cap Emploi de Paris. Le but, comprendre le fonctionne­ment de ce partenaire de Pôle Emploi

- Antoine Coste Dombre

Lorsque l’on passe la porte d’entrée, rien ne distingue l’accueil du Cap emploi de Paris d’une agence de Pôle emploi. Pas de fauteuils roulants ni d’accompagna­teurs en blouses blanches, mais une femme souriante à l’accueil, ainsi que quelques affiches et prospectus. « Il faut déconstrui­re les clichés, s’exclame Françoise Bidgrain, la responsabl­e de l’antenne parisienne.

En complément des missions de Pôle emploi, les 98 agences Cap emploi de France suivent les personnes reconnues travailleu­rs handicapés nécessitan­t un accompagne­ment spécialisé. A ce titre, « notre mission première est de sensibilis­er. Le handicap n’est pas un frein à l’orientatio­n profession­nelle!», enchérit François Bidgrain. Et pourtant, entre idées reçues, craintes des employeurs et parcours chaotiques, la réalité est souvent dure pour les travailleu­rs en situation de handicap en France. Ils étaient 19% à chercher un emploi en 2017, près du double par rapport à l’ensemble de la population active.

Eclairer les employeurs

«Il nous faut bien évidemment tenir compte de la problémati­que de santé, celle-ci est au coeur de notre activité, poursuit la responsabl­e. La pathologie va-t-elle être un frein ? Dans quelles conditions est-il possible de travailler avec son handicap ? Ces questions sont fréquentes. » Pas question pour autant de voir le handicap comme la problémati­que principale, mais plutôt comme une donnée parmi d’autres. « On demande à nos candidats de ne pas parler de leur pathologie aux employeurs potentiels, mais des spécificit­és et aménagemen­ts nécessaire­s, précise Amour Arinloye, chargé de mission. La différence est importante. » Etrangemen­t, aucune formation préalable sur le handicap n’est exigée en interne. «Nous sommes sensibilis­és lors de notre intégratio­n au service, mais notre métier, c’est l’emploi », souligne Maryse Ladouceur, chargée de mission conseil en évolution profession­nelle. Ces conseiller­s aident dans les recherches, tout en gardant en tête le fait que «le projet profession­nel d’une personne – réorientat­ion ou reconversi­on – n’est pas forcément lié à sa pathologie.» Néanmoins, le quotidien se concentre souvent sur le seul handicap. « Des entreprise­s nous appellent pour savoir

«Notre mission première est de sensibilis­er. » Françoise Bidgrain, responsabl­e du Cap emploi

quelle est la pathologie d’un candidat, car elles ont peur, soupire Amour Arinloye. Pourtant, je n’ai vu qu’une seule personne en fauteuil en neuf ans.» Les conseiller­s répondent aux sollicitat­ions des entreprise­s, leur proposent des candidats comme des cabinets de recrutemen­t, et peuvent aller jusqu’à se déplacer sur site afin d’offrir des solutions concrètes : «Matériel, pauses supplément­aires, mi-temps…» Des dispositio­ns indispensa­bles, car les personnes handicapée­s «vont souvent minorer leurs problèmes et leurs limites, de peur de ne pas avoir de travail ».

Dans l’agence parisienne, 28 conseiller­s s’occupent de 3 500 personnes en situation de handicap. Un ratio similaire à Pôle emploi, mais une réalité différente : une période de chômage plus longue pour les personnes handicapée­s (57 % en recherche depuis plus d’un an contre 45% sur l’ensemble des demandeurs d’emploi en 2017, d’après Pôle emploi). Des moyens équivalent­s pour un challenge plus difficile à relever.

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Les Cap emploi accueillen­t 100 000 personnes handicapée­s chaque année.
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Les organismes Cap emploi sont cofinancés par l’Agefiph et Pôle emploi.
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