20 Minutes (Rennes)

Guerres et pets aux fléchettes

Entre flatulence­s, cris, intimidati­ons, une compétitio­n a mis en lumière les pratiques douteuses dans le monde des «darts»

- Bertrand Volpilhac

« Il me faudra deux nuits pour que cette odeur s’enlève de mon nez. » C’était l’affaire du week-end au Royaume-Uni : deux joueurs profession­nels de darts (fléchettes) s’accusent mutuelleme­nt d’avoir pété en pleine finale de Grand Chelem pour déconcentr­er l’adversaire. Derrière le rire, la vérité est sombre, très sombre.

Après l’épisode du pet, vendredi, entre Wesley Harms et Gary Anderson, on a retrouvé ce même Anderson abattu dimanche soir, après sa défaite en finale contre Gerwyn Price. Le public a d’ailleurs hué le vainqueur, dont l’attitude agressif et toxique aurait rendu dingue son adversaire. « Son comporteme­nt a été jugé comme honteux pour une partie de fléchettes, estime Franck Guillermon­t, l’un des rares semipros français. Il criait alors qu’il n’en avait pas besoin. Au lieu de sortir normalemen­t de son pas de tir, il faisait un pas de côté et bousculait… Quand un joueur est trop fort, un cran au-dessus, on essaie de trouver des techniques pour le déstabilis­er. » «Ça arrive souvent que des joueurs aient des petits trucs, mais ça se voit surtout à un gros niveau, où les gens sont sans pitié, car il y a de l’argent à gagner, confirme Michel Boulet, membre de l’équipe de France. Mais Price n’est pas le premier à se montrer hautain, agressif, à marquer de longs temps d’arrêt pour casser le rythme… » Ou à péter, par exemple. Le pet foireux fait partie de l’arsenal habituel du joueur de fléchettes, surtout en fléchettes électroniq­ues, où l’on joue dans des endroits plus confinés. « Certains mangent du cassoulet exprès », se marre Franck Guillermon­t. Il faut comprendre que l’ultra-précision des fléchettes nécessite une concentrat­ion maximale dans la routine du geste. «Les joueurs sont habitués à jouer à un rythme pour que le lancer soit naturel, assure Michel Boulet. Cassez ça, vous cassez un joueur. » Les fléchettes sont un sport plus difficile qu’il n’y paraît, très concurrent­iel, aussi. Chaque année, plusieurs athlètes sont contrôlés positifs, entre autres, à la cocaïne. La norme est aussi de boire de l’alcool. Beaucoup d’alcool. « Dès qu’il y a de la pression, au niveau de la main, ça se sent tout de suite avec des fléchettes qui pèsent entre 16 et 19 g, détaille FranckGuil­lermont. Si on commence à s’alcooliser, on s’enlève la pression. Sur une compétitio­n de plusieurs heures, je peux boire entre dix et quinze bières. » Ce qui n’arrange ni le transit, ni la retenue des malintenti­onnés.

«Certains mangent du cassoulet exprès. » Franck Guillermon­t, semi-pro français

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Gerwyn Price (à g.) a été accusé d’avoir un comporteme­nt « honteux » en finale.

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