Guerres et pets aux fléchettes
Entre flatulences, cris, intimidations, une compétition a mis en lumière les pratiques douteuses dans le monde des «darts»
« Il me faudra deux nuits pour que cette odeur s’enlève de mon nez. » C’était l’affaire du week-end au Royaume-Uni : deux joueurs professionnels de darts (fléchettes) s’accusent mutuellement d’avoir pété en pleine finale de Grand Chelem pour déconcentrer l’adversaire. Derrière le rire, la vérité est sombre, très sombre.
Après l’épisode du pet, vendredi, entre Wesley Harms et Gary Anderson, on a retrouvé ce même Anderson abattu dimanche soir, après sa défaite en finale contre Gerwyn Price. Le public a d’ailleurs hué le vainqueur, dont l’attitude agressif et toxique aurait rendu dingue son adversaire. « Son comportement a été jugé comme honteux pour une partie de fléchettes, estime Franck Guillermont, l’un des rares semipros français. Il criait alors qu’il n’en avait pas besoin. Au lieu de sortir normalement de son pas de tir, il faisait un pas de côté et bousculait… Quand un joueur est trop fort, un cran au-dessus, on essaie de trouver des techniques pour le déstabiliser. » «Ça arrive souvent que des joueurs aient des petits trucs, mais ça se voit surtout à un gros niveau, où les gens sont sans pitié, car il y a de l’argent à gagner, confirme Michel Boulet, membre de l’équipe de France. Mais Price n’est pas le premier à se montrer hautain, agressif, à marquer de longs temps d’arrêt pour casser le rythme… » Ou à péter, par exemple. Le pet foireux fait partie de l’arsenal habituel du joueur de fléchettes, surtout en fléchettes électroniques, où l’on joue dans des endroits plus confinés. « Certains mangent du cassoulet exprès », se marre Franck Guillermont. Il faut comprendre que l’ultra-précision des fléchettes nécessite une concentration maximale dans la routine du geste. «Les joueurs sont habitués à jouer à un rythme pour que le lancer soit naturel, assure Michel Boulet. Cassez ça, vous cassez un joueur. » Les fléchettes sont un sport plus difficile qu’il n’y paraît, très concurrentiel, aussi. Chaque année, plusieurs athlètes sont contrôlés positifs, entre autres, à la cocaïne. La norme est aussi de boire de l’alcool. Beaucoup d’alcool. « Dès qu’il y a de la pression, au niveau de la main, ça se sent tout de suite avec des fléchettes qui pèsent entre 16 et 19 g, détaille FranckGuillermont. Si on commence à s’alcooliser, on s’enlève la pression. Sur une compétition de plusieurs heures, je peux boire entre dix et quinze bières. » Ce qui n’arrange ni le transit, ni la retenue des malintentionnés.
«Certains mangent du cassoulet exprès. » Franck Guillermont, semi-pro français