Sept « illettrées » de Gad prennent la parole
Sept anciens salariés de l’abattoir ont accepté de témoigner
Ils s’appellent Patrick, Joëlle, Olivier, Fabienne, Neil ou Hassina. Tous et toutes « illettré(e) s » de Gad, selon l’expression d’Emmanuel Macron. En 2014, le ministre de l’Economie d’alors avait évoqué le sort de l’usine de Lampaul-Guimiliau (Finistère) qui avait fermé ses portes le 11 octobre 2013, avec 889 licenciements à la clé. « Il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a qui sont pour beaucoup illettrées », avait-il lâché, déclenchant une grosse polémique.
Un véritable traumatisme
Cette phrase est le point de départ du documentaire Les illettrées, de Philippe Guilloux, qui tourne actuellement dans les salles bretonnes. Le réalisateur ne cherche pas à comprendre les raisons qui ont conduit cette entreprise familiale prospère au naufrage. « Je voulais parler de l’après, de ce qui se passe dans la tête des salariés quand l’usine ferme et comment on rebondit », indique Philippe Guilloux. Pour beaucoup, cet après est violent. Un véritable traumatisme même. « Je ne voulais pas quitter ma seconde famille », assure Hassina. Car si tous reconnaissent que le métier était difficile, ils n’en étaient pas moins fiers. « Les salariés ont donné leur vie pour cette entreprise. Et en une fraction de seconde, tout s’arrête », raconte Olivier Le Bras, ancien délégué FO. « Ils n’ont pas seulement perdu un métier. Mais aussi une famille, des amis », souligne le réalisateur. Dans la seconde partie du film, les anciens salariés évoquent leur quête d’un nouvel emploi. Certains y sont parvenus, d’autres attendent toujours. « On parle souvent du chômage, mais sans donner la parole aux chômeurs. C’est pour ça que j’ai voulu les faire témoigner », indique Philippe Guilloux.
« Ils n’ont pas seulement perdu un métier, mais une famille et des amis. » Philippe Guilloux, réalisateur