20 Minutes (Rennes)

Peu de discours politiques au procès des «gilets jaunes»

Les premiers « gilets jaunes » arrêtés samedi à Paris sont passés en comparutio­n immédiate, lundi

- Vincent Vantighem

Ils sont arrivés parmi les premiers. « On est là pour notre fils de 19 ans, confie un père de famille. Il était monté de Melun pour faire la bringue avec ses copains. A priori, il était alcoolisé… » C’était sa première manifestat­ion. « Oui, il était “gilet jaune”, poursuit la mère. Même si à ce moment-là, il ne le portait pas. » Le tribunal correction­nel de Paris a commencé à juger des personnes interpellé­es sur les Champs-Elysées, lors de la manifestat­ion des « gilets jaunes », samedi.

Il désirait « ramener en souvenir » la matraque de police qui dépassait de son sac.

Seule une poignée des 98 manifestan­ts arrêtés était présente, lundi, mais cela a suffi pour se rendre compte de la diversité des profils concernés. Et de l’impossibil­ité à les classer, comme certains l’ont pourtant fait, à l’ultradroit­e ou à l’extrême gauche. A une exception près, aucun n’a d’ailleurs tenu un discours politique lors de l’audience. Les traits tirés par deux jours de garde à vue, les jeunes débarqués dans le box semblent n’avoir comme point commun que le fait d’être paumés. Comme Anthony, en couple avec deux enfants, qui ne roule pas sur l’or. Il demande le renvoi de son procès pour « préparer sa défense » mais surtout pour terminer sa formation de chauffeur de bus. Puis, c’est au tour de Tony. Né en 1989, il est sans emploi, mais a déjà exercé les métiers d’élagueur, de cariste et d’horticulte­ur… Le tribunal comprend pourquoi il manifeste ; moins pourquoi il a été interpellé avec un couteau, deux bombes lacrymogèn­es et un poing américain. « Il y a eu des agressions sur des gilets jaunes par chez-moi, balbutie-t-il. Je voulais me défendre, au cas où… » Ils sont pour la plupart inconnus des services de police, les prévenus sont remis en liberté sous contrôle judiciaire et seront convoqués début janvier. Typhaine annonce qu’il accepte, lui, d’être jugé. Né en 1992 à Thonon-les-Bains (Savoie), il fait douter le tribunal quand il raconte qu’il voulait « ramener en souvenir » la matraque de police qui dépassait de son sac à dos quand il a été interpellé… Son avocat a aussi bien du mal à convaincre que son client n’est « qu’un père de famille qui s’inquiète pour l’avenir de ses enfants ». D’autant que, juste avant, celui-ci assurait qu’il gagnait « environ 8 000 € par mois » en tant que conseiller financier. La procureure ne cille pas et réclame une peine de six mois de prison, dont trois avec sursis. Ce sera trois mois avec sursis. D’une même voix, ces différents profils assurent qu’ils voulaient seulement manifester leur colère.

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Seule une poignée des 98 manifestan­ts arrêtés sur les Champs-Elysées, samedi, a comparu, lundi.

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