20 Minutes (Rennes)

Macron dévoile sa nuance de vert

Le président de la République doit présenter ce mardi les grandes lignes de la nouvelle programmat­ion pluriannue­lle énergétiqu­e

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Sur le fil, pour répondre aux inquiétude­s des « gilets jaunes », Emmanuel Macron a ajouté la création d’un Haut Conseil pour le climat à la série d’annonces qu’il doit présenter ce mardi devant les membres du Conseil national de la transition écologique. « Emmanuel Macron joue ce mardi sa crédibilit­é écologique», prévient Célia Gautier, responsabl­e « climat-énergie » à la Fondation pour la nature et l’homme. Le président de la République doit annoncer les grandes lignes de la nouvelle programmat­ion pluriannue­lle de l’énergie (PPE), qui fixe la feuille de route énergétiqu­e de la France pour les dix années à venir. Avec pour horizon la neutralité carbone en 2050, stade auquel la France n’émettra pas plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère qu’elle n’est capable d’en stocker. Il faudra notamment régler l’épineuse question de la place du nucléaire dans le mix électrique français. Trois scénarios sont sur la table. Le premier, soutenu par le ministère de la Transition écologique et solidaire, prévoit six fermetures de réacteurs outre les deux de Fessenheim d’ici à 2028, plus six autres d’ici à 2035.

Décarbonat­ion des transports

Le second, dit intermédia­ire, ne prévoit aucune fermeture supplément­aire d’ici à la fin de la PPE en 2028 et douze entre 2028 et 2035. Enfin, le troisième, encouragé par Bercy, ne prévoit aucune fermeture d’ici à 2028, neuf entre 2028 et 2035 et la constructi­on de quatre réacteurs de nouvelle génération EPR, comme celui de Flamanvill­e, d’ici à 2040. Pour Stéphane Chatelin, directeur de l’associatio­n négaWatt, aucun de ces scénarios n’est suffisamme­nt ambitieux. « Sur nos 58 réacteurs, 41 d’entre eux auront atteint d’ici à 2028 le cap des quarante années de fonctionne­ment, âge annoncé comme fatidique à leur constructi­on. Si nous ne programmon­s que huit fermetures, cela veut dire que nous prolongero­ns de facto des réacteurs au-delà des quarante ans, alors que nous n’avons pas encore défini ces conditions de prolongati­on. Bref, on reporterai­t les décisions primordial­es.»

La PPE ne se résume pas à la question du nucléaire. C’est tout l’argument des partisans de l’atome qui invitent à recentrer le débat sur son principal enjeu : celui de faire baisser nos émissions de gaz à effet de serre, reparties à la hausse en 2017. Cela passe notamment par la décarbonat­ion des transports et de la production de chaleur. Stéphane Chatelin ajoute la nécessité de réduire notre consommati­on finale d’énergie, en rappelant que la France s’est fixé l’objectif de la diviser par deux d’ici à 2050 : «Ce point est capital et nous en sommes loin. » Célia Gautier acquiesce : « Il reste 7 millions de passoires énergétiqu­es en France. Les éradiquer doit être l’un des enjeux forts de cette PPE. » Fabrice Pouliquen

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La part du nucléaire dans le mix électrique français est un enjeu fort de la PPE.

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