L’Union soviétique en musique (rock)
Les vrais rebelles se moquent des récompenses. Qu’importe, donc, si Leto est rentré bredouille du Festival de Cannes. Au moins le film est-il parvenu à faire danser la Croisette en l’absence de son réalisateur, Kirill Serebrennikov, assigné à résidence à Moscou après avoir été arrêté à la fin du tournage d’un biopic rock qui envoie du lourd. Dès le début, le spectateur est emporté par le souffle de Kino, l’un des groupes les plus importants en Russie au début des années 1980. «Mon film est une histoire de rock’n’roll dans un climat totalement hostile à cette musique et aux influences occidentales », précise le réalisateur du Disciple.
Les plus belles scènes du film sont des passages musicaux où tout le monde chante et danse avec les héros. Une interprétation épatante de «Psycho Killer» de Talking Heads donne envie de sauter de son fauteuil pour se joindre aux personnages à l’écran. Est-ce le fait d’avoir terminé le montage de son film alors qu’il était enfermé chez lui ? Kirill Serebrennikov donne une énergie communicative au cri de révolte de ses héros. Sans haine ni violence, il fait passer son message en musique, lézardant les murs de sa geôle pour donner à entendre et à voir, tout en faisant un admirable pied de nez aux autorités. A l’heure où Bohemian Rhapsody caracole au sommet du box-office français, on ne saurait trop conseiller de découvrir ce biopic tonique et rageur.