Les cassettes réinvitées à la fête
La société bretonne Mulann Industries relance la production de la bonne vieille K7
Une cassette audio. Voilà un objet dont les moins de 20 ans n’ont sûrement jamais vu la couleur, ni même n’ont soupçonné l’existence. Avant l’avènement du CD puis du numérique, ce petit rectangle préhistorique a pourtant fait le bonheur de toute une génération dans les années 19801990, tout heureuse de pouvoir écouter Michael Jackson ou Benny B sur son baladeur ou son magnétophone. Totalement démodée, la cassette audio, comme tout objet vintage, s’offre depuis quelque temps une seconde jeunesse. L’an dernier, 118 200 cassettes ont ainsi été vendues aux Etats-Unis et 50 000 au Royaume-Uni. Des chiffres qui restent encore marginaux par rapport aux disques vinyles, mais qui témoignent toutefois d’un regain d’intérêt pour la bonne vieille K7. C’est au film Les Gardiens de la galaxie, dans lequel le héros écoute de la musique sur son Walkman dans l’espace, que l’on doit en partie cette nouvelle hype. La série de Netflix, « Stranger Things », qui nous plonge avec nostalgie dans les années 1980, a également flairé le filon en sortant sa bande originale sur cassette audio. A Lannion dans les Côtes-d’Armor, on compte aussi beaucoup sur ce revival. A la tête de l’entreprise Mulann Industries, spécialisée dans les bandes magnétiques, Jean-Luc Renou s’est lancé le pari un peu fou de relancer la production de cassettes audio, dont le stock dans le monde s’est réduit comme peau de chagrin. « C’est pour l’instant un marché de niche, composé d’audiophiles, mais qui offre de belles perspectives », indique le chef d’entreprise. Vendues en ligne depuis quelques mois sous la marque Recording The Masters, ses cassettes, qui sont fabriquées à Avranches, ont vite trouvé leur public. « On vend plus de 3 000 cassettes vierges par mois. Et les commandes affluent de partout, des Etats-Unis, d’Israël, d’Ouzbékistan… », ajoute-t-il. Le marché de la musique commence aussi à se prêter au jeu et des artistes comme Kylie Minogue, Indochine ou Metallica ont sorti une version cassette audio de leurs albums respectifs.
« Les jeunes qui n’ont connu que l’iPod ou le téléphone sont bluffés quand ils entendent une cassette. Le son est peut-être imparfait, mais il est beaucoup plus chaleureux », assure Jean-Luc Renou. Un conseil donc, ressortez vite des placards vos baladeurs et magnétophones poussiéreux, car le retour de hype est pour bientôt !
« Les jeunes sont bluffés. Le son est peut-être imparfait, mais il est beaucoup plus chaleureux. »
Jean-Luc Renou, Mulann Industries