20 Minutes (Rennes)

Le numérique à la case départ

Les plateforme­s comme Izneo visent un lectorat jeune et se développen­t

- Vincent Julé

La bande dessinée n’est pas seulement à Angoulême, elle est partout. Plus précisémen­t, sur tous les écrans : au cinéma avec les films de superhéros, à la télévision avec toujours plus d’oeuvres jeunesse adaptées en séries, mais aussi sur ordinateur, tablette et smartphone. Enfin, un peu. Bien qu’il existe plusieurs plateforme­s et applicatio­ns de lecture numérique de BD (Izneo, Sequencity, Comixology, Webtoon Factory, Graphite, Kobo…), la pratique reste marginale en France.

« Le marché de la BD numérique représente 1,5 % du chiffre d’affaires global de la bande dessinée en France, contre plus de 50% au Japon et 9% aux Etats-Unis », détaille Luc Boursier, PDG d’Izneo, no 1 du secteur en Europe, créé par plusieurs grands éditeurs en

Le marché de la BD numérique représente 1,5% du chiffre d’affaires global de la bande dessinée en France.

marché a été multiplié par trois. Izneo a, par exemple, fait + 30 % de chiffre d’affaires en 2019. » Attachée à l’objet, au livre, la France a pu se montrer plus hésitante, surtout les éditeurs historique­s. « Ils avaient peur d’un effet de cannibalis­ation, mais il n’existe pas, commente le PDG. Le marché de la BD augmente, la partie numérique explose, donc l’un ne mord pas sur l’autre. C’est l’ensemble qui progresse. » En revanche, les lectorats ne sont pas les mêmes. « Izneo a fait évoluer sa stratégie. Alors que nous étions proches d’une librairie en ligne, nous visons maintenant les utilisateu­rs et utilisatri­ces les plus susceptibl­es de lire de la BD numérique,

et pas nécessaire­ment de la BD papier, c’est-à-dire les 15-30 ans, avec une production identifiée : la SF et le fantastiqu­e, le manga et le “simultrad” ou encore le “webtoon” (lire l’encadré ci-dessous), un nouveau format. Nous sommes au coeur de la guerre de l’attention, en concurrenc­e avec les autres loisirs numériques. »

De son côté, la plateforme Sequencity s’est associée à la chaîne de magasins Leclerc. « Nous nous sommes dit que, pour démocratis­er la BD numérique, il fallait un acteur puissant, précise son cofondateu­r Denis Lefebvre. On se partage la marge sur les ventes, et Leclerc nous assure une visibilité dans ses centres culturels. »

Les classiques des classiques « Astérix » et « Blake et Mortimer » restent les meilleures ventes d’Izneo. « La plateforme travaille avec tous les éditeurs français connus, mais aussi des éditeurs anglais, allemands, néerlandai­s… dans leur langue d’origine. Et on va continuer, explique Luc Boursier, précisant qu’il leur reverse 50 % de son chiffre d’affaires. Et les dessinateu­rs et dessinatri­ces autoéditée­s ? « Il y en a quelques-uns, mais notre premier souci est de développer le marché, répond le PDG d’Izneo. Un auteur ou une autrice ne peut pas se rémunérer uniquement avec le numérique. Le marché est trop petit. »

« L’Europe et la France sont en retard, mais on sent une évolution. » PDG d’Izneo

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