20 Minutes (Rennes)

Bande dessinée

Cinq bons mangas pour prolonger Angoulême

- Vincent Julé

Finie l’époque du manga non grata, le festival d’Angoulême accueille aujourd’hui la bande dessinée japonaise à bras ouverts avec des invités, des expos (Inio Asano, Yukito Kishiro, Yoshiharu Tsuge), et bien sûr des récompense­s (le prix de la série pour Dans l’abîme du temps et le prix jeunes adultes pour Le Tigre des neiges). Les éditeurs profitent de l’événement pour sortir leurs plus gros titres, dont voici une sélection par 20 Minutes.

«En proie au silence», d’Akane Torikai. Si le manga a déjà abordé les violences faites aux femmes, personne ne semble l’avoir fait comme l’autrice Akane Torikai. Telle une bombe à retardemen­t, En proie au silence (Akata) suit le quotidien a priori normal de Misuzu, une professeur­e de lycée. Entre colère sourde, mots justes, et terrible mais banale réalité, Akane Torikai nous fait regarder la société, et ses violences, droit dans les yeux.

«Sengo», de Sansuke Yamada. De son dessin (old school) à son sujet (l’immédiat après-guerre), Sengo (Casterman) semble être un manga des années 1960-1970. Or, son auteur, Sansuke Yamada, est né en 1972, et Sengo a été publié de 2013 à 2018. Son portrait d’un Japon vaincu et détruit, à travers deux soldats revenus du front, a un je-ne-sais-quoi d’intemporel.

« Stop Hibari-kun », de Hisashi Eguchi. Stop Hibari-kun chez Le Lézard noir est un bel exemple d’édition d’un classique. A la suite du décès de sa mère, Kôsaku emménage chez l’une des vieilles connaissan­ces de cette dernière, chef yakuza et père de quatre filles. Le jeune garçon tombe immédiatem­ent amoureux de l’une d’elles, Hibari, une fille trans. Si le manga enchaîne quiproquos, gags et réactions homophobes et transphobe­s, ce n’est jamais au détriment d’Hibari. Au contraire. Ce sont les autres, les hommes, qui se ridiculise­nt.

«Asadora», de Naoki Urasawa. Invité d’honneur du festival d’Angoulême en 2018, le mangaka Naoki Urasawa est de retour, en librairie cette fois, avec Asadora (Kana), a priori sa nouvelle longue série. A la veille des JO de Tokyo 2020, la ville est détruite par un monstre cornu. Avec ce premier volume très (trop?) mystérieux, difficile de savoir s’il est parti pour un chefd’oeuvre à la Monster (Kana) ou une errance à la Billy Bat (Pika).

« The Quintessen­tial Quintuplet­s », de Negi Haruba. Fûtarô, un lycéen brillant mais fauché, devient le prof particulie­r d’une famille fortunée. Il doit s’occuper de cinq élèves, des quintuplée­s ! The Quintessen­tial Quintuplet­s (Pika) est le dernier-né de ce qu’on appelle le harem manga, où le héros se retrouve au milieu de jolies jeunes filles. Le harem manga perpétue les clichés sexistes, sous couvert de comédie romantique. Celui-ci n’est pourtant pas le pire, grâce à un dessin impeccable et à des personnage­s féminins un peu plus travaillés.

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«En proie au silence» (à g.) et «Stop Hibari-kun!»

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