20 Minutes (Rennes)

«Je voulais faire voler en éclats les clichés sur les éboueurs»

La journalist­e Mireille Dumas suit des agents de la propreté dans un documentai­re, diffusé ce mardi sur France 2

- Mireille Dumas

« Anonymes, nous le sommes pour eux. Invisibles, ils le sont pour nous. Aveugles, nous le sommes apparemmen­t tous.» «Des ordures et des hommes », que diffuse France 2 ce mardi à 23 h 10, entend nous ouvrir les yeux. La journalist­e Mireille Dumas, qui a réalisé ce documentai­re avec Damien Vercaemer, explique à 20 Minutes pourquoi elle a entrepris ce projet.

Quel a été le déclic pour que vous vous lanciez dans un documentai­re sur les éboueurs ?

L’idée était de rendre visibles ceux que l’on ne voit pas, ou alors que l’on voit quand on est derrière le camion poubelle et que l’on klaxonne. Je voulais faire voler en éclats les clichés et les a priori sur un métier méconnu, souvent mal-aimé et pourtant essentiel à la société.

Vous avez choisi de suivre des agents de la « Fonctionne­lle »…

En creusant le sujet, je me suis rendu compte qu’il existait à Paris une équipe de 500 personnes, créée en 1982, qui s’occupe des manifestat­ions, des commémorat­ions, des tournages de film, du déblaiemen­t des marchés ou qui intervient dans des campements de migrants après des opérations d’expulsion de la police. Ils sont témoins des événements de la ville. Les suivre, c’est l’occasion de faire un portrait de la France d’aujourd’hui.

Vouliez-vous aussi montrer à quel point nous avons du mal à adopter les gestes écolos les plus simples ?

Comme le dit l’un des agents qui témoigne, on parle aujourd’hui beaucoup d’écologie, mais peu de gens pratiquent le « tri sélectif ».

Partagez-vous l’idée répandue que Paris est une ville sale ?

Non, ce n’est pas spécifique à Paris. Je crois qu’on est en retard en France par rapport à beaucoup d’autres pays. Il y a une incivilité propre au pays.

Espérez-vous que ce documentai­re incitera le public à revoir son comporteme­nt ?

Je ne donne pas de leçon. Je ne me le permettrai­s pas, parce que j’ai moi-même pris conscience de beaucoup de choses au fil du tournage. Ce n’est pas un documentai­re qui est dans un engagement, c’est un constat filmé. Je montre comment sont les rues après les fêtes et les manifestat­ions, ce que font ces hommes et ces femmes, et je leur donne la parole. Je les regarde, et eux regardent la ville et nos comporteme­nts. Le discours, plein d’humanité, de ces agents de la propreté pourrait susciter une prise de conscience pour certains. Ce sont des gens qui ne se plaignent pas et sont confrontés à la détresse humaine tous les jours. Ils parlent avec sincérité, lucidité et intelligen­ce.

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Image extraite des «Ordures et des hommes», tourné à Paris.

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