20 Minutes (Rennes)

Un fléau loin d’être flou

Un jeune de 18-30 ans sur quatre a déjà vu passer des photos ou des vidéos de revenge porn, révèle l’étude #MoiJeune «20 Minutes»-OpinionWay.

- Anissa Boumediene

L’intimité au grand jour. Quand on est victime de revenge porn – pratique où une personne dévoile des images à caractère sexuel sans le consenteme­nt de la personne concernée –, tout s’effondre. L’une des victimes de ces derniers jours se nomme Benjamin Griveaux, ex-candidat à la Mairie de Paris. Ce fléau, bien connu des jeunes, n’est pas nouveau mais a pris de l’ampleur avec les réseaux sociaux. Pas moins de 89% des 18-30ans avaient déjà entendu parler de revenge porn avant l’affaire Griveaux, selon l’étude #MoiJeune 20 Minutes–OpinionWay*, dévoilé ce vendredi. Et plus d’un jeune sur quatre (26 %) dit avoir déjà vu passer des photos ou vidéos de ce type. Au-delà du cas Griveaux, les victimes de cette pratique sont le plus souvent des femmes.

Seuls 2 % des 18-30 ans interrogés indiquent avoir été déjà victimes personnell­ement d’une telle action, et un jeune sur dix dit connaître une victime. Dans notre étude, 13 % des femmes sondées disent être touchées de près par ce phénomène (elles ou quelqu’un de leur entourage), contre 8 % des jeunes hommes. Pour les victimes, les effets d’une telle exposition peuvent être particuliè­rement ravageurs. «Elles subissent de plein fouet la honte que provoque le revenge porn, assure Michaël Stora, psychologu­e et coauteur d’Hyperconne­xion (éd. Larousse). Les personnes qui vivront le plus mal un revenge porn sont les jeunes femmes et les adolescent­es ayant des profils sur plusieurs réseaux sociaux, et qui vont être victimes d’un garçon malveillan­t. D’autant que cela peut ouvrir la voie à des campagnes de cyberharcè­lement. » Parmi les 43 % de jeunes qui disent avoir signalé un revenge porn, 21 % affirment que la démarche n’aurait pas été suivie d’effets. « Les réseaux sociaux ont un statut d’hébergeur du contenu, ils n’en sont pas éditeurs, donc ne sont pas légalement responsabl­e de la diffusion de ce type d’images, décrypte Nicolas Arpagian, expert en cybersécur­ité et auteur de La Cybersécur­ité (Que sais-je ?). Les seules actions possibles reposent sur une logique de signalemen­ts, mais il n’y a pas d’automatisa­tion de la responsabi­lité ».

* Etude #MoiJeune 20 Minutes–OpinionWay, réalisée en ligne le 17 février auprès d’un échantillo­n représenta­tif de 540 jeunes âgés de 18 à 30 ans (selon la méthode des quotas).

« Le revenge porn peut ouvrir la voie à des campagnes de cyberharcè­lement.» Michaël Stora, psychologu­e

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Plus d’un jeune sur quatre déclare avoir déjà vu du revenge porn.

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