La bière de Groix sous pression
La fermeture des cafés et l’annulation des événements mettent à mal la brasserie groisillonne, qui avait pourtant soif d’ambitions
Elle n’a pas encore fêté son premier anniversaire qu’elle a déjà un trophée à son palmarès. Née en juin dans l’esprit de l’ancien patron de la brasserie Kronenbourg de Rennes, la bière de Groix a discrètement fêté son « titre ». Engagée au concours international de Lyon, la brasserie insulaire du Morbihan a reçu une médaille d’argent pour sa bière ambrée au poivre. « Une grande fierté » pour le fondateur JeanPierre Rennaud, qui a vu sa « GX » se distinguer parmi les 1 300 bières engagées. « C’est important d’être reconnu par ses pairs. La brasserie n’a même pas un an et nous avons déjà la reconnaissance que nous produisons bien », se réjouit le patron. Tombé amoureux de l’île il y a plus de quinze ans, celui qui a longtemps officié chez Danone avait décidé d’y créer une unité de production de bière avec un objectif double : sauver les champs et créer des emplois. Moins d’un an après sa création, l’objectif semble atteint.
Depuis son lancement, la brasserie groisillonne a écoulé 30 000 litres de son ambrée et de sa blonde. La seconde cuvée s’annonce plus délicate.
Plombée, comme tout le monde, par l’épidémie de coronavirus, l’entreprise a vu ses plus gros clients fermer : les cafés et restaurants sont à l’arrêt, les festivals et événements culturels tous annulés. « Un événement comme le festival interceltique de Lorient, c’était 100 à 150 fûts commandés. Il va bien falloir compenser. »
Pour tenter de trouver de nouveaux canaux de distribution, le patron de la brasserie a pris le bateau pour rejoindre le continent et tenter de proposer sa bière aux gens du continent. Chez les cavistes ou dans la grande distribution, l’accueil a été chaleureux. « Mais il va falloir en vendre des bouteilles », ironise Jean-Pierre Rennaud. Son objectif de produire 80 000 litres pour son deuxième cru s’annonce difficile, d’autant que son usine qui fait travailler cinq personnes a fermé ses portes durant trois semaines pendant le confinement. Le patron prévoit déjà de lancer une bière blanche et d’autres spécialités pour se diversifier. Tributaire de la fréquentation touristique de sa petite île, Jean-Pierre Rennaud attend de savoir quand les bistrots de Groix pourront rouvrir. Edouard Philippe a évoqué la date du 2 juin si l’épidémie ne repartait pas en flèche. «Si on fait un été correct, on pourra se sauver. » Et si ce n’était pas le cas ? « Alors on sera en grande difficulté. »
«Si on fait un été correct, on pourra se sauver.» Jean-Pierre Rennaud, fondateur