20 Minutes (Rennes)

Le pari (risqué?) de se lancer en Bourse après la crise

Avec la crise, de nouveaux investisse­urs se sont lancés. Pour le meilleur?

- Catherine Abou El Khair

Après avoir dévissé à cause la pandémie de Covid-19, les marchés boursiers ont commencé leur remontée. Depuis début juin, l’indice du CAC40 flirte avec la barre des 5 000 points. C’est encore loin des plus de 6100 du 19 février, mais mieux qu’au 18 mars, où le cours avait touché le fond, à 3754 points. Pariant sur un rebond, de nombreux particulie­rs se sont mis à investir, flairant les plus-values. Mais se lancer en Bourse en ce moment est-il une bonne idée?

Certains magazines spécialisé­s l’assurent et détaillent déjà comment procéder. «C’est le moment d’investir en Bourse», avait même lancé, le 10 mars, la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie Agnès PannierRun­acher, suscitant la polémique. Pour autant, Andrea Tueni, directeur de la relation client chez le courtier Saxo Bank, invite à la prudence. Le spécialist­e évoque des marchés «erratiques», guidés par deux forces qui s’opposent : d’un côté, les mesures prises par les gouverneme­nts, qui incitent à l’optimisme ; de l’autre, l’incertitud­e liée à la pandémie, dont les marchés tiennent compte en l’absence de vaccin.

Aussi, la perspectiv­e d’une reprise en V (une chute brutale suivie d’un rebond équivalent) convainc de moins en moins. Certaines études consacrées aux conséquenc­es économique­s de pandémies antérieure­s montrent qu’«on a des séquelles sur les comporteme­nts d’investisse­ment et d’épargne qui peuvent durer pendant plusieurs décennies », explique Christophe­r Dembik, chef économiste de Saxo Bank. En Europe, «on va être pénalisé par un manque d’ambition du côté des politiques budgétaire­s», poursuit-il. Selon lui, le plan de relance de la Commission européenne de 750 milliards d’euros, dont les subvention­s devraient être versées entre 2023 et 2024, arrivera trop tard. Quant aux budgets européens destinés à renforcer l’économie européenne, « au mieux vous allez avoir 0,08% du PIB européen par an [qui y sera consacré]», ce qui est insuffisan­t.

La perspectiv­e d’une chute brutale suivie d’un rebond équivalent convainc de moins en moins.

Une rentrée incertaine

Pour l’heure, les marchés sont en hausse, mais la donne pourrait changer à la rentrée à l’annonce des faillites, des restructur­ations et des hausses du chômage. « Une nouvelle phase de baisse ne peut être exclue, suscitée par un possible regain de la pandémie ou des révisions massives à la baisse des bénéfices des entreprise­s en 2020 », souligne aussi la Banque de France dans son rapport publié mardi. Bref, pour investir, Alexandre Garel, enseignant-chercheur en finance à Audencia Business School, rappelle qu’« il faut être prêt à ce que cet argent ne soit pas mobilisabl­e et rester long et diversifié », c’est-à-dire sur des périodes de dix à vingt ans.

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Après l’effondreme­nt des valeurs en mars, certains ont flairé des plus-values.

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