Le corbeau les rend fous
Des parcelles entières de maïs ont été décimées
« J’ai tout essayé. Le canon, les cages, les épouvantails. J’ai fini par rouler dans mon champ en voiture chaque jour pour les effrayer. » Hervé Sarrazin est dépité. L’éleveur de taurillons, installé à Cesson-Sévigné, fait face aux ravages du corbeau. Les oiseaux noirs de Hitchcock sont devenus le cauchemar des agriculteurs depuis qu’ils ont proliféré autour de la capitale bretonne. « Ma femme me dit que je suis cinglé », ajoute Mickaël Heurtin.
« On ne dort plus la nuit »
Chaque jour, cet éleveur de vaches installé à deux pas de Rennes se rend dans ses champs de maïs pour chasser les corbeaux. « Si on ne le fait pas, ils ravagent tout et il faut ressemer. On perd de l’argent, du temps et on perd du rendement. Mais c’est surtout moralement, que c’est déprimant. On ne dort plus la nuit, on en devient fou », explique l’agriculteur.
Le corbeau a vu ses populations se multiplier, tout comme les pies, les corneilles, les pigeons et les choucas des tours. Très intelligents, ces oiseaux parviennent à repérer les graines de maïs plantées et viennent en faire leur goûter. « Depuis quinze jours, c’est la folie. On n’arrête pas de nous appeler. Les agriculteurs ne savent pas quoi faire », rapporte Christian Mochet, de la Fédération des syndicats d’exploitants agricoles d’Illeet-Vilaine. La FNSEA, premier syndicat agricole français, marche sur des oeufs. Car sa demande est claire. « Il faut limiter les populations. On n’est pas contre la biodiversité mais il faut la maîtriser. Là, ce n’est plus tenable », explique Jimmy Guérin, des Jeunes Agriculteurs. Autrement dit, il faut tuer des corbeaux. Problème : les associations environnementales s’y opposent, la population le perçoit assez mal et les chasseurs, dont la population est vieillissante, ne sont pas toujours intéressés pour venir « tirer » des oiseaux bien plus rusés qu’eux.