20 Minutes (Rennes)

«Le street art s’est répandu partout »

Pour sa réouvertur­e, le Palais de Tokyo propose une installati­on de Futura 2000, artiste légendaire de la scène graffiti new-yorkaise

- Propos recueillis par Anne Demoulin

Faire descendre l’art dans la rue. A l’occasion de sa réouvertur­e, et jusqu’à la fin de l’année, le Palais de Tokyo (Paris, 16e) propose une installati­on de Futura 2000, artiste de la scène graffiti new-yorkaise des années 1970 et 1980, visible par tous sur les fenêtres du musée donnant sur l’avenue du Président-Wilson. Rencontre avec l’artiste.

On vous présente souvent comme le « père du graffiti »…

Je suis juste une sorte d’étudiant de cette école !

Une oeuvre d’art dans un musée visible par tous depuis la rue, c’est une sorte de résumé de votre parcours artistique personnel ?

Tout à fait ! C’est un honneur d’avoir mon travail exposé à Paris, au Palais de Tokyo. Mais je réalise aussi que ce n’est pas qu’à propos de moi. Pour ma culture, pour mon histoire, il est important que les gens de ma communauté, de mon mouvement, obtiennent ce type de reconnaiss­ance. Pouvez-vous nous présenter cette oeuvre ?

Au départ, il s’agit d’un tableau de 1990, intitulé Violent Treasure. Quand on m’a demandé de choisir une oeuvre, j’ai tout de suite pensé à celle-ci. J’aime les couleurs, la compositio­n, tout ! L’oeuvre a été fragmentée. C’est un des aspects de mon travail dans l’abstractio­n : vous pouvez aller à l’intérieur. Un détail ou une zone peuvent vivre par eux-mêmes. Là, des composante­s de Violent Treasure occupent les fenêtres du Palais de Tokyo.

En contemplan­t votre oeuvre lors de la réouvertur­e du Palais de Tokyo, nous nous sommes dits que le coronaviru­s et le street art avaient un point commun, la viralité…

Dans ce cas particulie­r, je ne pense pas. Mais ce que vous dites est vrai. Il y a quelques années, lorsque ce mouvement de New York s’est internatio­nalisé, et plus particuliè­rement en France, il s’agissait d’une sorte d’importatio­n de notre culture. Et puis, il s’est répandu dans toute l’Europe. Je vous parle du début des années 1980. Presque quarante ans plus tard, le street art est partout. Notre mouvement s’est répandu comme un virus.

Mais ce n’est pas politique, c’est juste mon art. Je veux parler davantage de l’inégalité raciale.

Pensez-vous que la reconnaiss­ance du graffiti, et des cultures urbaines en général, a pu aider la cause des Noirs américains ?

Il ne s’agit pas de savoir si cela aide la communauté noire d’Amérique, mais simplement de conforter leur histoire dans cette culture. Les Noirs américains ont toujours eu une longueur d’avance en musique : le R&B, le blues, le jazz, etc. Le hip-hop, c’est l’héritage de cette contributi­on des Noirs à toute cette histoire !

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L’installati­on est visible au Palais de Tokyo jusqu’à la fin de l’année 2020.
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