Etats-Unis
Accord de Paris, gaz de schiste ou encore pétrole, le président Biden se veut ouvert sur l’écologie
Même si Donald Trump dénonce des « vols » du scrutin, Joe Biden sera le 46e président des Etats-Unis. Une bonne nouvelle sur le front de la lutte contre le changement climatique ? Le démocrate y voit en tout cas un « danger essentiel pour l’humanité » et évoque l’« impératif moral de s’y attaquer». Mais comment compte-t-il s’y prendre?
> Sera-t-il simple de retourner dans l’accord de Paris sur le climat? Il s’est passé quatre années entre le moment où Donald Trump a officialisé le retrait de son pays et celui où il a été effectif… mercredi dernier. Le processus inverse sera beaucoup moins long, assure David Levaï, chercheur associé à l’Institut du développement durable et des relations internationales : « Il ne suffira que d’une lettre du président pour demander la réintégration. Il ne pourra la faire qu’une fois entré dans ses nouvelles fonctions, le 20 janvier. »
> Que prévoit Joe Biden pour la transition écologique ? Avec Biden président, les Etats-Unis reprendront à leur compte l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Francis Perrin, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), s’attarde surtout sur le deuxième grand objectif climatique que s’est fixé le démocrate : arriver à une production électrique 100 % décarbonée en 2035. « L’objectif est très ambitieux, note-t-il. Quinze ans est un délai très court dans le secteur de l’énergie, et la marche à franchir est encore grande. » Joe Biden prévoit d’investir 2 000 milliards de dollars (environ 1 690 milliards d’euros) sur quatre ans pour « une relance verte », a-t-il annoncé, dont un quart consacré aux énergies décarbonées.
> Quelle gestion du pétrole et du gaz de schiste ? Ce dossier sera l’occasion de jauger les ambitions climatiques de Biden. Le pétrole et le gaz de schiste offrent un énorme avantage économique aux Etats-Unis. Mais ces hydrocarbures sont obtenus par fracturation hydraulique, technique décriée pour ses impacts environnementaux. Pendant la campagne, le démocrate a indiqué qu’il s’opposerait à de nouvelles exploitations accordées sur les terres fédérales. « Une proposition relativement timide, puisque celles-ci sont surtout portées sur des terrains privés», explique Jean-Daniel Collomb, maître de conférences en civilisation américaine à l’université Jean-Moulin, à Lyon. Sophie Méritet, maîtresse de conférences en sciences économiques à l’université Paris-Dauphine, parie sur une politique qui devrait se rapprocher de celle de Barack Obama en fin de mandat, « un retour à une réglementation environnementale de cette industrie ». Voire préparer une transition en douceur? «Il a surtout insisté sur la nécessité de protéger les travailleurs de ces secteurs et de leur permettre de se réorienter vers l’économie verte, complète David Levaï. L’inverse de Trump.»